La révision de la trinité


Révision du dogme de la Trinité face à l'Ecriture Sainte

© A. Farina, Version 4/03
Autor: Arno Farina
Lindenstraße 48, D - 38836 Pabstorf
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“Ist die Dreieinigkeitslehre biblisch?”

 

Sommaire

1.         Introduction

2.         Les limites de l'intelligence humaine

3.         Problèmes concernant la révision du dogme de la Trinité
3.1      Problèmes émotifs
3.2      Problèmes se rapportant aux faits
3.2.1    Nécessité d'une vision complète de la Bible
3.2.2    Le baptême au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit
3.2.3    Qui est donc "Dieu"?
3.2.4    Passages de la Bible qui prêtent à malentendu

4.         La place qui revient à Jésus-Christ
4.1      Au sujet d'une hiérarchie
4.2      La hiérarchie entre Dieu et son Fils
4.2.1    Affirmations de l'apôtre Paul
4.2.2    Affirmations dans l’épître aux Hébreux
4.2.2.1 Jésus, souverain sacrificateur éternel et médiateur
4.2.3    Jésus, le "premier-né"  et le "commencement de la création de Dieu"
4.2.4    Ce que disent les Evangiles
4.2.4.1 Paroles de Jésus
4.2.4.2 La différence entre "Dieu" et "Fils de Dieu"
4.2.5    L'élévation de Jésus par son Père
4.2.5.1 Dieu veut que son Fils soit honoré
4.2.5.2 Dieu veut que Jésus soit notre Sauveur et notre Seigneur
4.2.6    Le Père est aussi le Dieu de Jésus-Christ
4.2.6.1 Jésus désigne son Père comme étant "son Dieu"
4.2.6.2 Les apôtres parlent du "Dieu de Jésus-Christ"
4.2.6.3 Jésus est assis à la droite de Dieu
4.2.7    Le sens profond du sacrifice de Jésus
4.2.8    La position du Serviteur de l’Eternel dans le livre d’Esaïe

5.         La position du Saint Esprit
5.1      Le Saint Esprit est-il une personne?
5.2      L'adoration du Saint Esprit
5.3      L'origine du Saint Esprit - la part de Jésus à cet Esprit

6.         Résumé

7.         Réflexions sur le concile de Nicée et l'histoire des dogmes
7.1      La politique de l’église face à l'Ecriture Sainte
7.2      Le tabou de la Trinité empêche une révision
7.3      Conséquences du dogme de la Trinité: Marie devient médiatrice
           et obtient le titre de "mère de Dieu"

8.         Annexe: La Profession de foi qu’Arius adressa à l’empereur Constantin en 327

9.         Littérature

1. Introduction

Le dogme de la Trinité n'a pas toujours existé. Il est l'aboutissement d'un processus qui s'est déroulé dans l'histoire de l’église. Le concile de Nicée (en l'an 325) a essayé de mettre le point final à une dispute qui avait commencé en 280. Cette dispute a persisté jusqu'au concile de Constantinople en 381 et au delà.

Les Ariens qui furent ainsi nommés d'après l'évêque Arius et plus tard les Semi-Ariens se sont opposés à la notion de Trinité. Ils se fondaient sur la Bible et ne constituaient nullement une minorité négligeable. Ils affirmaient que Jésus dans son entité était semblable à son Père et étaient en opposition avec l'évêque Athanase qui au concile de Nicée défendait l'idée que Jésus et son Père formaient une seule et même entité. Les Ariens soulignaient aussi le fait que selon la Bible Jésus a eu une origine et qu'il y eût donc un "temps" où Dieu fut seul.
Finalement les participants du concile de Nicée adoptèrent la conception d'Athanase. Mais il faut dire que ce fut surtout une décision "politique", sous la présidence de l'empereur Constantin, qui n'était pas encore chrétien à cette époque. Une majorité des évêques présents au concile ont été amenés à prendre cette décision contre leur intime conviction par crainte de l'empereur Constantin (voir le Chapitre 7!).

La plupart des exposés ayant trait à l’histoire de l’Eglise présentent l’Arianisme comme une hérésie (Brandt lui-même ne fait pas exception). Si pourtant on examine de plus près ce qui s’est passé au concile de Nicée et le contenu de la profession de foi d’Arius (je n’y découvre rien qui puisse être taxé d’hérésie) on est loin d’être persuadé que l’ énoncé théologique qu’il présente doive être rejeté. - Il faut en effet distinguer entre ce qu’Arius a voulu dire et ce que ses opposants lui ont fait dire.

On peut raisonnablement penser que le dogme de la Trinité tel qu’il est présenté aujourd’hui n’existerait pas si lors du concile de Nicée en avait tenu compte de ce qu’Arius voulait dire. La confession de foi proclamé à Nicée, constitue selon moi le premier pas et aussi le pas le plus important en direction du dogme trinitaire car elle affaiblit le subordinatianisme quand elle ne lui enlève pas toute sa substance.

Le fait qu’au cours des siècles qui virent se dérouler les disputes théologiques à propos du dogme trinitaire on élabora et introduisit un additif au texte sacré du Nouveau Testament de 1. Jean 5.7, montre à quel point on trouva nécessaire de lui trouver une base biblique. Le texte original parle des 3 témoins l’Esprit, l’eau et le sang tandis que l’additif (qui n’est rien d’autre qu’un apport étranger) qu’on appelle Comma Johanneum, ajoute aux 3 témoins mentionnés une trinité céleste: le Père, la Parole et l’Esprit Saint. Lors de la Réforme Erasme de Rotterdam supprima cet additif dans son édition du Nouveau Testament de 1516 . Le dogme trinitaire donne aujourd’hui encore lieu à contestation, plus qu’on pourrait le croire. Le grand lexique biblique - publié en Allemagne - signale avec raison - que l’enseignement trinitaire érigé en dogme se doit d’être examiné de très près afin d’établir dans quelle mesure il correspond aux révélations fondamentales du Nouveau Testament, concernant la personne divine.
Ce lexique montre notamment que la relation ou le passage entre l’Ancien et le Nouveau Testament se fait mal si on recourt à l’enseignement trinitaire proclamé déjà très tôt par l’église.

La confession de foi proclamée à Nicée forme la base du dogme de la Trinité. Mais si l'on analyse objectivement les affirmations des apôtres Paul et Pierre, de l’épître aux Hébreux ainsi que les paroles de Jésus lui-même (voir Math. 27.46; Marc 13.32; Math. 20.23; Jean 5.22 ff.; Apoc. 3.12; Apoc. 3.14) on doit tirer la conclusion que le dogme de la Trinité est erroné. C'est peut-être choquant pour certains de même que cela l'a été pour l'auteur de cette étude. Car beaucoup s'étaient déjà habitués à ce dogme et l'acceptaient par tradition sans y réfléchir. Nombreux sont ceux qui acceptent ce dogme sans aucune vérification. Pourtant il est possible de vérifier en se servant d'une traduction ordinaire de la Bible. Ce n'est pas le privilège des seuls théologiens.
Que signifie donc ce terme de Trinité ? C'est l'idée qu'il y a trois "personnes" ou "unités" qui forment l'entité de Dieu. La "confession d'Athanase" qui date environ de l'an 600 a formulé la Trinité de la façon suivante:
"Dans la foi chrétienne nous ne pouvons pas parler de trois dieux ou de trois seigneurs (...) Parmi ces trois personnes aucune n'est la première, aucune n'est la dernière, ni la plus grande, ni la plus petite; mais toutes les trois personnes sont aussi éternelles, aussi grandes; afin que trois personnes soient honorées dans une divinité et un Dieu en trois personnes".

Cette étude analyse et réfute les trois aspects suivants du dogme de la Trinité:
1. Les trois "personnes" indépendantes "Père, Fils et Esprit Saint" sont u n  Dieu et forment non seulement une unité spirituelle mais une entité unique à laquelle chaque   personne participe en étant égale en droits.
2. Les trois personnes évoquées sont égales quant à leur puissance et leur pouvoir.
3. Les trois personnes peuvent être abordées et adorées indépendamment les unes des autres et de la même manière.

Certainement il existe encore d'autres aspects du dogme de la Trinité. Cette étude se contente d'analyser les aspects évoqués ci-dessus. Une analyse approfondie montre que ces trois thèses sont en contradiction avec beaucoup de passages de la Bible. Les thèses N° 1 et 3 ne correspondent pas aux textes bibliques concernant la relation entre l'Esprit Saint et le Père comparée à la relation entre Jésus et son Père. La thèse N° 2 diffère nettement des révélations bibliques concernant la relation entre le Père (=Dieu!) et Jésus Christ, le Fils de Dieu.

2. Les limites de l'intelligence humaine

Nous savons tous, que l'intelligence humaine est limitée. Cela est d'autant plus vrai à propos des faits métaphysiques, qui dépassent nos expériences de tous les jours et qui ne peuvent pas toujours ou pas du tout être perçus par nos sens.  Le dogme de la Trinité a été établi par des théologiens qui voulaient expliquer certains faits qui nous sont rapportés par la Bible. Ces théologiens voulaient surtout sauvegarder l'idée du monothéisme, car à première vue on pourrait être gêné par le fait que dans le Nouveau Testament on trouve semble-t-il la réalité de trois personnes divines du même Dieu qui semblent agir parallèlement, ce qui pourrait contredire un monothéisme rigoureux.

Déjà très tôt des théologiens ont essayé d'expliquer ce phénomène par le dogme de la Trinité. Mais ce dogme est en contradiction avec beaucoup de passages bibliques comme le montre cette étude. Malgré cela ce dogme catholique est accepté par l'église protestante ainsi que beaucoup d'assemblées évangéliques. Il semblerait que ce dogme soit quelque chose de très précieux, un bien essentiel dont on ne peut se séparer.
La Bible elle même n'évoque nulle part la notion de Trinité. Pour les premiers chrétiens la question ne se posait pas ou elle était d'une moindre importance, car on ne la trouve point dans les Epîtres du Nouveau Testament.
C'est pour cela que l'enseignement sur la Trinité ne doit pas être considéré comme étant d'une extrême importance susceptible de remettre en cause le salut d'une personne. Ce n'est pas la foi dans la Trinité qui nous sauve mais notre foi en Jésus-Christ, le Fils de Dieu et notre relation avec lui.
Si l'on se détourne du dogme de la Trinité un nouvel horizon s'ouvre. Les conséquences positives seront multiples, surtout en ce qui concerne la relation entre l'église chrétienne et les juifs. Il sera nécessaire d'étudier ces choses de plus près, car elles sont d'une importance non négligeable. Mais ce n'est pas le sujet de cette étude.

3. Problèmes concernant la révision du dogme de la Trinité.

3.1 Problèmes émotifs

Il n'est pas facile de discuter ouvertement et objectivement de la Trinité avec d'autres chrétiens, même si on veut comparer cet enseignement avec ce que révèle la Bible. L'auteur a fait l'expérience que certains problèmes surgissent alors, problèmes qui sont souvent les mêmes:

1. Pour beaucoup de chrétiens la Trinité est un dogme qui a déjà été prouvé et qui est tellement saint qu'il ne saurait être remis en cause. Si quelqu'un veut quand-même en vérifier les bases d'après le principe "sola scriptura" (l'Ecriture Sainte et elle seule) on le soupçonnera de vouloir porter atteinte à la gloire et la divinité de notre Seigneur Jésus Christ. Souvent des réactions de rejet empêchent la discussion. Ces réactions sont aussi dûes au fait qu'on en fait dépendre le salut de l'homme.
Mais il est tout à fait possible d'aborder cette question car elle est pour nous absolument indépendante du salut en Jésus Christ (voir chapitre 7.2).
2. Souvent on avance l'argument que la Trinité est un mystère que notre raison ne peut comprendre. Cet argument présente deux points faibles: Premièrement c'est une erreur d’accepter un enseignement sans l'avoir vérifié. Pour pouvoir vérifier, Dieu nous a donné la Bible et notre intelligence. Deuxièmement il est important de prendre en compte la dimension historique. L'histoire de l’église nous montre qu'un grand nombre des premiers chrétiens qui étaient sans aucun doute croyants et de bonne volonté, pensaient différemment (exemple: Paul, Pierre, Origène, Justin, Tertullien, les Ariens, les Semi-Ariens).
3. Certains textes bibliques qui prêtent à malentendu ne facilitent pas un dialogue sur ce sujet. Ils ont été mal traduits (voir chapitre 3.2.4). L'auteur a aussi fait l'expérience qu'après une discussion approfondie et objective, tenant compte de la complexité et de la multitude des passages bibliques, son interlocuteur a fini par se ranger aux arguments avancés dans cette étude. Une telle analyse nécessite bien sûr qu'on y consacre du temps.

3.2 Problèmes se rapportant aux faits

3.2.1 Nécessité d'une vision complète de la Bible

Il n'est pas honnête de vouloir justifier le dogme de la Trinité à l'aide de quelques textes bibliques seulement. Il est par contre indispensable de voir l'ensemble de toute la Bible. Certains passages bibliques semblent soutenir ce dogme. Mais un grand nombre de passages le contredit.
Il est important de réaliser que cette doctrine telle qu'elle est, n'est qu'une hypothèse. Cette hypothèse n'a pas une valeur telle, qu'elle puisse remettre en cause le salut de celui qui l'adopte ou la rejette. C'est pour cela qu'il serait déplacé de vouloir la prouver à tout prix par quelques textes bibliques pris isolément. La doctrine en question est plutôt une tentative assez médiocre pour expliquer la nature et l'essence de Dieu. Elle ne correspond pas à l'enseignement de la Bible.

Les événements bibliques, souvent de nature métaphysique, doivent être considérés en tant que tels, sans à priori dogmatique. Nous les hommes devons simplement et humblement accepter la révélation divine telle qu'elle apparaît, même si elle est en contradiction avec nos idées et nos convictions.
Dans notre étude il n'est pas possible d'examiner tous les passages qui se rapportent à la Trinité. A quoi bon puisqu'un seul texte biblique contredisant clairement cette doctrine suffit à renverser ce qui en réalité n'est qu'une hypothèse. Vu l'importance du sujet et afin d'éviter toute spéculation hasardeuse et toute erreur, cette étude cite une multitude de textes bibliques.
Le nombre de textes allant à l'encontre de ce dogme peut paraître surprenant, mais en réalité il ne l'est pas, car jusqu'à présent on s'efforçait surtout de trouver des preuves en faveur de la Trinité et non des textes et des faits contredisant cette doctrine. Mais la volonté de vérifier est une bonne chose et n'a rien à voir avec un manque de piété.

3.2.2 Le baptême au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit

Par principe on doit se poser la question si on a le droit de faire reposer un enseignement ou une doctrine théologique sur un seul verset biblique. Bien sûr, chaque verset doit être considéré comme étant important.
Le verset tiré de Matthieu 28.19 est le seul endroit des Ecritures concernant le baptême où Père, Fils et Saint Esprit sont cités ensemble. Le fait d'être baptisé d'abord au nom du Père puis du Fils et enfin du Saint Esprit implique-t-il l'idée d'un Dieu en trois personnes? Nous pensons que non.
Il est important de signaler qu'au temps des apôtres on baptisait les chrétiens au nom de Jésus seul. La Bible anglaise "Companion Bible" (Lamp press Ltd. 6 old town London) en parle dans son commentaire sur le baptême (voir Actes 2.38; 8.16; 10.48; 19.5).
Il faudrait trouver une explication à ce phénomène. Mais ce n'est pas le sujet de cette étude.

3.2.3 Qui est donc "Dieu"?

Cette question semble un peu étrange, mais elle se pose si l'on regarde de plus près les textes du Nouveau Testament.

De qui s'agit-il si l'on parle de "Dieu" dans la langue française? Est-ce le Dieu trinitaire des théologiens qui comprend aussi le Christ sans qu'il soit nommé explicitement? Ou est-ce seulement le Père de Jésus, le Dieu créateur qui a créé l'univers à travers et pour son Fils?
L'analyse des textes bibliques montre que chaque fois qu'il est question de "Dieu" dans le Nouveau Testament, il s'agit toujours et uniquement du  P è r e de Jésus. Il est même possible de montrer cela dans la traduction française en considérant le sens et le contenu du texte.
Le théologien Rahner affirme que dans les textes originaux du Nouveau Testament, "theos" (ce qui se traduit par 'Dieu') désigne seulement et explicitement le  P è r e (voir: Karl Rahner: Theos dans le NT in: Schriften. Bd. 1. 91-167).
Cette constatation est très importante! Chaque fois que les apôtres parlent de "Dieu", ils ne parlent pas de Jésus, même pas indirectement, ni de l'Esprit saint, mais ils entendent uniquement le "Père"!

Une petite liste de passages bibliques permet de vérifier ce fait dans la traduction française: Eph. 1.3; Eph. 1.17; 2. Cor. 1.3; 1. Cor. 15.57; Marc 16.19; Hébr. 10.12.
Dans le but d'être fidèle à la parole de Dieu qui, elle, est très claire à ce sujet, nous devons accepter le fait que "Dieu" désigne uniquement le Père et non Jésus ni l'Esprit saint. Il n'est peut-être pas facile pour certains de s'habituer à cette conception, car nous avons déjà tellement été influencés par le dogme de la Trinité qu'il se peut que lorsque nous entendons le mot "Dieu" nous ne pensons pas uniquement au Père mais à la "d i v i n i t é" trinitaire.
Néanmoins cela ne correspond pas au écrits du Nouveau Testament et à la pensée des premiers chrétiens.

3.2.4 Passages de la Bible qui prêtent à malentendu

Il existe certains passages dans le Nouveau Testament, qui ont été mal traduits en français et qui contiennent déjà une interprétation du traducteur (voir exemple 1). Certains passages prêtent tout simplement à malentendu (voir exemple 2). On ne peut exclure que les traducteurs de la Bible aient mal traduit certains passages du texte original concernant la place qui revient à Jésus. Cela non intentionnellement mais inconsciemment, ayant été influencés par la doctrine de la Trinité, qui a marqué la pensée de tous les théologiens depuis des siècles. Traduire signifie aussi "interpréter". Là où le texte original laisse une marge d'interprétation ou plusieurs traductions possibles il est tout naturel que la façon de voir et de penser du traducteur se reflète dans sa traduction.

Exemple 1
Jean 1.1: "(...) et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu."
La Bible anglaise "The Companion Bible" (Lamp press Ltd. 6 old town London) fruit du travail et de la traduction d'une centaine de théologiens affirme dans une note au bas de la page, que si l'on considère le texte original, il est faux de traduire: "et la Parole était Dieu" mais il faudrait au contraire traduire: "et la Parole était divine" (c'est à dire de nature divine, ayant des propriétés divines).

Le théologien Kasper a analysé la grammaire et affirme que dans le texte original dans la deuxième partie du verset 1 "Dieu" se trouve sans article et serait pour cela attribut et non sujet. Kasper dit que cela souligne la différence entre Dieu et Parole (voir Walter Kasper: Der Gott Jesu Christi, Mainz 1982, p. 222).
La traduction française par contre met au même rang Dieu et Parole, ce qui est faux. Ce verset est souvent cité pour étayer la doctrine de la Trinité. Le texte original ne dit pas que Jésus est Dieu mais que la Parole est divine!

Exemple 2
1. Jean 5.20: "Nous savons aussi que le Fils de Dieu est venu, et qu'il nous a donné l'intelligence pour connaître le Véritable (c'est à dire le Père), et nous sommes dans le Véritable, en son Fils Jésus-Christ. C'est lui qui est le Dieu véritable, et la vie éternelle.
Ce passage ne signifie pas comme on pourrait le croire que Jésus est le Dieu véritable. Car dans le texte original "C'est lui" se rapporterait au "Véritable" (le Père) et non à Jésus-Christ!

Exemple 3
Rom. 9.5: “(...) selon la chair, le Christ qui est au-dessus de toutes choses, Dieu béni éternellement. Amen.”
A cet endroit, de nouveau le mot “Dieu” dans le texte grec original est sans article de sorte que Christ serait désigné comme un être de nature divine et non comme “Dieu”.

Exemple 4
Hébreux 1.): “(...) C’est pourquoi ô Dieu, ton Dieu t’a oint d’une huile de joie au-dessus de tes égaux (Version Second).”
Ce verset peut fort bien être traduit ainsi - tout en respectant la forme grammaticale - et d’une façon tout à fait correcte: “(...) C’est pourquoi Dieu, ton Dieu, t’a oint d’une huile de joie ...”
Dans cette deuxième alternative un autre sens se fait jour. Jésus n’est pas appelé “Dieu”, mais au travers de la répétition de ce mot il apparaît que Dieu est aussi le Dieu de Jésus-Christ, ce qui d’ailleurs se retrouve dans d’autres passages du Nouveau Testament (Cf: ch 4.2.7)
Il est regrettable qu’il n’y ait pas une note qui signale cette autre possibilité de traduction, afin que le lecteur puisse ainsi faire son propre choix. En allemand de nombreuses traductions - notamment la traduction dite d’Elberfeld - donnent cette deuxième version. En supposant qu’on s’attache à la première version, celle où Jésus est désigné par le mot “Dieu”, il est évident que Dieu ne s’interpelle pas lui-même mais qu’il s’adresse à une autre personne, qui lui est subordonnée. Ceci ressort nettement du contexte de l’Epître aux Hébreux (Cf . ch. 4.2.2)

4. La place qui revient à Jésus Christ

4.1 Au sujet d'une hiérarchie

Pour les apôtres Paul et Pierre les affirmations suivantes (voir le début du livre des Actes) étaient tout à fait normales:
Jésus est notre Seigneur et notre Sauveur parce que Dieu l'a instauré comme tel. Dieu a élevé Jésus afin qu'il soit notre Sauveur et notre Prince. Le Christ ressuscité est assis à la droite de Dieu.
Ces affirmations ne posent aucun problème à celui qui connaît les Ecritures. Cependant des problèmes inquiétants surgissent si l'on regarde ces affirmations à la lumière du dogme de la Trinité:

Pourquoi donc Dieu instaure-t-il et élève-t-il Jésus comme Seigneur et Sauveur? Ne l'est-il pas déjà du fait qu'il soit la deuxième personne de la Trinité?
Pourquoi Jésus a-t-il été élevé par Dieu et pourquoi Dieu lui donne-t-il un nom au-dessus de tout nom? N'a-t-il pas déjà cette position du fait qu'il soit une personne de la Trinité c'est-à-dire du fait qu'il soit Dieu?
Pourquoi Jésus est-il seulement assis à la droite de Dieu ceci n'implique-t-il pas que Dieu soit la plus haute autorité?
Ces questions montrent clairement la nécessité d'analyser de plus près les textes du Nouveau Testament laissant de côté les idées reçues et la tradition.
Nous allons voir que beaucoup de passages montrent que le Père de Jésus est plus grand que Jésus lui-même; que Dieu est plus puissant que son Fils. Mais les écritures affirment aussi que personne ne ressemble à Dieu autant que Jésus-Christ et que personne (Dieu excepté) a autant de puissance que Jésus.

4.2 La hiérarchie entre Dieu et son Fils

4.2.1 Les affirmations de l'apôtre Paul

Dans la première épître aux Corinthiens Paul fait allusion à la position inférieure de Jésus. Il dit qu'un jour Jésus remettra le royaume à Dieu:
"(...) Ensuite viendra la fin, quand il remettra le royaume à celui qui est Dieu et Père, après avoir détruit toute domination, toute autorité et toute puissance. Car il faut qu'il règne jusqu'à ce qu'il ait mis tous les ennemis sous ses pieds.(...) Dieu, en effet, a tout mis sous ses pieds.
Mais lorsqu'il dit que tout lui a été soumis, il est évident que celui qui lui a soumis toutes choses est excepté. Et lorsque toutes choses lui auront été soumises, alors le Fils lui-même sera soumis à celui qui lui a soumis toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous." (1. Cor. 15.24 - 28)

Ces affirmations de Paul montrent qu'il doit y avoir une différence essentielle entre Dieu et Jésus. Dieu fait que toutes choses soient soumises à Jésus sauf lui-même. Pourquoi dire cela si Jésus et Dieu étaient égaux en droits et en puissance comme le prétend le dogme de la Trinité?
A la lumière de ce dogme une autre chose est également incompréhensible et ne donne aucun sens: Pourquoi Jésus remettrait-il le royaume à Dieu?
Regardons deux autres affirmations de Paul qui font allusion à une hiérarchie et qui se trouvent en 1. Cor. 3.23 et 1. Cor. 11.3:
"Tout est à vous; et vous êtes à Christ, et Christ est à Dieu".
"Je veux cependant que vous sachiez que Christ est le chef de tout homme, que l'homme est le chef de la femme, et que Dieu est le chef de Christ."
Il faut bien réaliser que dans ces deux passages Paul ne parle pas de Jésus sur terre qui s'était humilié et dépouillé de sa gloire pour un certain temps et qui était devenu semblable aux hommes, mais au contraire, il parle du Christ dans les cieux, qui est assis à la droite de Dieu.
Dieu, dans sa souveraineté, l'a aussi donné pour chef suprême à l’Eglise (voir Eph. 1.19-23).

4.2.2 Affirmations dans l’Epître aux Hébreux

Les premiers chapitres de l’Epître aux Hébreux montrent de façon précise la place occupée par Jésus. Ils indiquent que Jésus est au-dessus des anges et plus élevé que Moïse qui est lui-même le plus grand prophète de l'Ancien Testament.
La position qu'il occupe par rapport à Dieu est définie dans Héb. 1.1-5. Dieu lui-même lui accorde un rang particulier, il revêt Jésus de sa gloire et de sa puissance.

Exemple 1: "Et auquel des anges a-t-il jamais dit: Assieds-toi à ma droite jusqu'à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied? (Héb. 1.13)

Exemple 2: "En effet, ce n'est pas à des anges que Dieu a soumis le monde à venir dont nous parlons (...). Tu l'as abaissé pour un peu de temps au-dessous des anges, Tu l'as couronné de gloire et d'honneur, Tu as mis toutes choses sous ses pieds." (Héb. 2.5-8)
Une question qui fait réfléchir, à propos de cette deuxième citation: Pourquoi faudrait-il que Jésus soit couronné de gloire et d’honneur, si en tant que deuxième personne de la Trinité il devrait déjà posséder gloire et honneur?

Exemple 3: "Après avoir autrefois, à plusieurs reprises et de plusieurs manières, parlé à nos pères par les prophètes, Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils, qu'il a établi héritier de toutes choses, par lequel il a aussi créé le monde, et qui, étant le reflet de sa gloire et l'empreinte de sa personne, et soutenant toutes choses par sa parole puissante, a fait la purification des péchés et s'est assis à la droite de la majesté divine dans les lieux très haut, devenu d'autant supérieur aux anges qu'il a hérité d'un nom plus excellent que le leur." (Héb. 1.1-4)

Tous ces exemples montrent que c'est Dieu, le père de Jésus-Christ, qui agit ici dans son autorité suprême.
Il élève, abaisse, couronne de gloire et d'honneur. Il envoie son Fils comme messager. Il est celui qui l'établit comme son héritier. Dieu est à l'origine de la gloire de son Fils. C'est lui la plus haute autorité.
Le troisième exemple nous montre aussi: Jésus, le Fils de Dieu, est l'image de Dieu son Père à un niveau infiniment supérieur à Adam (voir aussi Jean 12.45) qui lui aussi a été créé à l'image de Dieu. Jésus est le reflet de sa gloire et l'empreinte de sa personne. Ainsi qu'un fils de par sa nature ressemble à son père, Jésus ressemble à Dieu qui l'a engendré.
Toute cette présentation de Jésus quant à la place qui lui revient au début de l’Epître aux Hébreux aurait-elle une raison d'être, si comme le prétend le dogme trinitaire, Jésus et Dieu n'étaient qu'une même entité?
Le Nouveau Testament ne présente pas Jésus comme Dieu (Theos) mais comme Fils de Dieu. Dans la tradition juive le "Fils" se situe à un rang subordonné à celui du "Père". - Et pourtant Jésus est le Seigneur de l'univers, de tout ce qui existe. N'y a-t-il pas là une contradiction? Non car c'est Dieu qui lui accorde cette position du fait qu'il est son Fils unique "par qui et pour qui toutes choses ont été créées.” (voir aussi Col. 1.15-18).

4.2.2.1 Jésus, souverain sacrificateur éternel et médiateur

L’Epître aux Hébreux, qui s’adresse particulièrement aux Juifs messianiques manifeste clairement la continuité de l’image de Dieu, telle qu’elle existe dans la pensée et la théologie juive, depuis l’Ancien Testament jusqu’au Nouveau.
Les attributs de Jésus, qualifié de Messie et Fils de Dieu, ne constituent pas une rupture par rapport aux enseignements de l’Ancien Testament, mais s’insèrent au contraire très bien dans sa Théologie: Jésus Christ est le souverain sacrificateur éternel, selon l’ordre de Melchisédek, prêtre du Dieu Tout-Puissant qui se situait en dehors de la lignée des sacrificateurs lévites. Il avait béni Abraham et reçu ses offrandes. Il avait reçu sa charge de sacrificateur directement de Dieu sans être de la lignée des Lévites. En cela il est un précurseur de Jésus Christ, souverain sacrificateur éternel.

L’Ecriture ne nous donne pas de précisions sur ce sacrificateur, mais l’Epître aux Hébreux relie la qualité de Jésus en tant que sacrificateur à celle de Melchisédek, pour bien montrer qu’il existe un sacerdoce supérieur à celui d’Aaron et de ses descendants, dont le représentant est Melchisédek et finalement Jésus Christ le souverain sacrificateur éternel.
Quiconque lit avec soin l’Epître aux Hébreux aura de sérieux problèmes avec le dogme trinitaire. L’enseignement développé dans cette lettre - la théologie du sacrifice et celle de la sacrificature - s’oppose à toute mise sur le même plan du sacrificateur d’une part et de Dieu d’autre part, par conséquent une mise au même niveau de Jésus et de Dieu.
“... nous avons un tel souverain sacrificateur qui s’est assis à la droite du trône de la majesté divine dans les cieux comme ministre du sanctuaire et du véritable tabernacle, qui a été dressé par le Seigneur et non par un homme.” Hébreux 8.1 et 2

Voici les questions qui demandent une réponse, car elles sont au centre du problème. Qui est Dieu ici? Qui est celui qui exerce la sacrificature? Sont ils à mettre au même niveau? Qui est désigné sous le nom de Seigneur?
Dieu est désigné ici par “majesté divine” dans les cieux (en grec Ha Gedulah, un mot qui est employé pour Dieu). Le souverain sacrificateur est ici clairement distinct de Dieu, puisqu’il siège à la droite de son trône. Le souverain sacrificateur désigné ici n’est autre que Jésus-Christ. Il se distingue de tout autre sacrificateur ayant la nature humaine, car il se trouve auprès de Dieu et accomplit son service dans un sanctuaire qui n’est pas terrestre mais divin. Le terme traduit dans ce passage par Seigneur est Adona, il s’agit donc bien de Dieu et non du souverain sacrificateur. A ce propos il faut souligner la remarque de “Stern” qui précise que le mot grec Kyrios a souvent plusieurs sens dans le Nouveau Testament: “... il peut être utilisé comme titre respectueux au sens de digne seigneur, ou digne maître, maître pouvant aussi signifier maître de maison et également Seigneur au sens de Dieu. Kyrios est en même temps le terme que les Grecs utilisent pour JHWH (Jahwé ou Jéhova, le nom personnel de Dieu, que les Juifs désignent aussi par Adona, souvent rendu par “Seigneur” dans de nombreuses traductions. Cette utilisation du mot Seigneur ne rend pas compte des passages où il s’agit de JHWH uniquement.”

Jésus-Christ, souverain sacrificateur exerce cette fonction dans le sanctuaire qui est au ciel, pour obtenir la réconciliation entre Dieu et les hommes. (Hébreux 9 V. 14 et 15). On doit donc distinguer entre Dieu et Jésus-Christ. Affirmer que le souverain sacrificateur n’est autre que Dieu lui-même ou bien qu’il se situe au même niveau que Lui, n’aurait aucun sens. Dans ce cas il ne pourrait pas être médiateur. Il ne peut avoir médiation qu’entre un Etre supérieur et des Etres de niveau inférieur, ce qui exclut que le médiateur puisse être au même niveau que celui à qui il sert de médiateur, sinon il n’aurait pas besoin d’exercer cette fonction, tout intermédiaire devenant inutile.

Pourtant Jésus Christ ressemble à son Père. Au début de l’Epître aux Hébreux, la double position du Fils est décrite avec précision. D’un coté il obtient la position qu’il occupe par l’intervention de Dieu - qui l’établit héritier de toutes choses - et d’autre part il possède la nature divine (sans être Dieu ou Jahwé lui-même) étant “le reflet de sa gloire et l’empreinte de sa personne...”. Cette contradiction qui n’est qu’apparente s’explique par le fait qu’il soit Fils de Dieu.
C’est cela qui nous permet de bien comprendre ce qui le concerne. (voir Ch. 4.2.3 et Ch. 4.2.5).Cette position de Jésus comme Fils de Dieu est celle qu’il occupait déjà avant son incarnation, car il existait préalablement à sa venue sur terre, comme l’indique bien Philippiens Ch. 2 V. 6. Il était semblable à Dieu. Mais ce n’est qu’après sa mort sur la croix qu’il obtint de Dieu la place suprême et reçut un nom qui est au-dessus de tout nom. (Philippiens 2.9)

Là aussi, dans cette Epître cette double position pour le moins étrange apparaît: d’une part Jésus possède la divinité - il est semblable à Dieu et d’autre part il est élevé au-dessus de tous par Dieu qui lui donne un nom au-dessus de tout nom. Il est donc évident qu’il n’est pas dieu lui-même. Il ne l’était pas non plus avant sa venue sur terre. Le terme utilisé “Fils de Dieu” décrit sa position avant de venir parmi nous. Comment il a été engendré par Dieu dans les temps anciens (aux jours de l’éternité) reste pour nous un mystère. Mais nous voyons clairement qu’avant de revêtir la nature humaine il avait la nature de Dieu - tout comme en ce monde le fils hérite de la nature de son père - sans occuper toutefois la même position que Dieu car étant Fils de Dieu il n’est pas Dieu lui-même.

La définition trinitaire de “Dieu” et l’affirmation du dogme que bien que le Père et le Fils soient deux personnalités différentes et que le Fils soit souverain sacrificateur et médiateur ils forment une seule et même divinité, est plus que problématique. Au sens strict du terme, seul le père de Jésus-Christ devrait être appelé “Dieu”. Sous ce nom il faut entendre l’instance ou l’autorité la plus haute qui soit. Jésus-Christ, comme nous l’avons vu, reçoit certains attributs par la volonté de son père, de sorte qu’il ne peut pas être lui-même la plus haute autorité et ne saurait donc être appelé “Dieu”. Pourtant, pour nous hommes et aussi pour les anges il a été placé par Dieu comme la plus haute autorité à tel point qu’il doit être adoré comme Dieu est adoré.
Il est donc préférable que Jésus soit appelé “Fils de Dieu” et non “Dieu”. Selon l’enseignement biblique c’est le terme qui convient et qui tient également compte de sa position avant sa venue sur terre. Il correspond à ce que croyaient les premiers chrétiens exprimé dans leur profession de foi Ichthys soit: Iesous Christos, Theos Hyos Soter: Jésus Christ, Fils de Dieu, Sauveur.
Appeler Jésus “Fils de Dieu” et non pas “Dieu”, s’harmonise beaucoup mieux avec l’image qu’on se faisait de “Dieu” sous l’Ancienne Alliance et permet de maintenir une continuité théologique jusque dans la Nouvelle Alliance, comme le décrit si bien l’Epître aux Hébreux.

4.2.3 Jésus, le premier-né et commencement de la création de Dieu

Les passages bibliques suivants sont dignes d'être pris en considération et donnent de nouvelles indications précises prouvant la différence de hiérarchie entre Dieu et son Fils. Ils nous amènent à supposer même que Jésus n'a pas été engendré par Dieu seulement lors de son incarnation mais aussi dans les temps anciens:
"Il est l'image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création.(Col. 1.15)"
"Ecris à l'ange de l’église de Laodicée: Voici ce que dit l'Amen, le témoin fidèle et véritable, le commencement de la création de Dieu." (Ap. 3 .14)
Ces passages de l'Ecriture Sainte sont une sérieuse pierre d'achoppement pour les exégètes. Ils donnent lieu à discussion car ils ne cadrent pas du tout avec le dogme trinitaire.
J'aimerais donner ici quelques explications et essayer d'interpréter ces versets en tenant compte des notions de "Père" et "Fils" qui définissent dans le Nouveau Testament la relation entre Jésus et Dieu.
Jésus désigne Dieu comme son Père et est lui-même le Fils de Dieu. Ces termes doivent être pris à la lettre avec toutes les conséquences que cela entraîne. Car ces mots ne sont pas utilisés par hasard et doivent évoquer pour les hommes des images bien précises. Il est utile de faire remarquer que Jésus garde la qualification de Fils de Dieu après son ascension.

Pour les apôtres Jésus est toujours le Fils de Dieu après qu'il ait été élevé et revêtu de gloire. Et nous-mêmes, chrétiens, nous attendons le retour de Jésus-Christ, le Fils de Dieu (1 Thes. 1.10).
La Bible parle de la préexistence de Jésus. Jésus existait donc avant son incarnation.
Le mot "fils" suppose dans notre façon de penser qu'en dehors du père il y eut aussi une mère. De même qu'Adam sans l'intervention d'un homme et d'une femme fut directement créé par Dieu on peut penser qu'avant la création du monde (par le Père et le Fils), Jésus lui-même fut engendré par Dieu. Non pas créé, comme par exemple Adam, mais engendré, né directement de Dieu. Le Fils de Dieu (Logos ou Parole) engendré par Dieu devrait donc posséder la même nature que lui, tout comme l'homme possède la même nature humaine que son père ou sa mère. C'est ainsi que Jésus comme nous le lisons en Col. 1.15 est désigné comme étant "l'image du Dieu invisible". Dieu reste invisible et inaccessible pour l'homme. C'est le Fils - engendré par lui - et qui lui est subordonné, qui l'a rendu visible et accessible aux hommes.

Jésus - engendré par un acte de la volonté de Dieu bien avant la création du monde - voilà qui expliquerait le passage des Ecritures (Col. 1.15) qu'il soit "le premier-né de toute la création".
Un autre passage rejoint celui-ci en Jean 17.24:" ...la gloire que tu m'as donnée, parce-que tu m'as aimé avant la fondation du monde".
Il est évident qu'une relation s'était établie entre le Père et le Fils avant la fondation du monde. Dans cette relation - selon ce verset de l'Ecriture - Jésus reçut sa gloire de son Père. Là encore le Père apparaît comme l'instance suprême. Le Fils reçoit la gloire par un acte de la volonté du Père.
Une indication d'importance nous est donné par la prophétie de Michée (Michée 5.1):
"Et toi Bethléhem Ephrata, petite entre les milliers de Juda, de toi sortira pour moi celui qui dominera sur Israël, et dont l'origine remonte aux temps anciens, aux jours de l'éternité."
Deux choses apparaissent nettement ici.

1. Le Messie qui vient de Bethléhem a existé auparavant, depuis bien longtemps (selon la Parole de Dieu une seule personne a préexisté, à savoir Jésus-Christ).

2. Le Messie a eu une origine - ce qu'on ne peut pas dire de Dieu.
Il est parfaitement évident que ce passage se rapporte à Jésus-Christ qui voit son origine se situer avant la fondation du monde - aux temps anciens. On peut rapprocher ce texte des passages d'Apocalypse 3.14 et Colossiens 1.15 où Jésus est désigné comme "le commencement de la création de Dieu" ou "le premier-né de toute la création".
Donc: Après que Dieu - dans les temps anciens - eut engendré son Fils (et non pas créé - il y a là une différence essentielle, voir C.S. Lewis: Pardon ich bin Christ, Gießen 1981, p. 12 ff.!) il créa l'univers par lui et pour lui et tous les êtres qu'il renferme:
" Car en lui ont été créées toutes choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités, dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toutes choses, et toutes choses subsistent en lui." (Col. 1.16-17)
Il n'y a aucun doute que Jésus a été associé à la création du monde. C'est précisé ici dans l’Epître aux Colossiens mais aussi à autres endroits du Nouveau Testament. (Voir le prologue de l'Evangile de Jean)
Ici encore il apparaît qu'une hiérarchie existe, car il est évident que quelqu'un "par qui et pour qui" toutes choses ont été créées ne peut pas être la suprême autorité.
Cette forme au passif fait réfléchir. N'est-ce pas l'indication que la raison d'être de tout l'univers se trouve dans l'existence même du Fils de Dieu?
Et que signifie exactement le fait que Dieu ait établi Jésus comme son héritier (Héb. 1.2)? Que doit-il hériter? Ce qu'il ne possède pas encore ou n'avait pas encore reçu, et que Dieu veut ou a voulu lui accorder.
Ces affirmations (le fait que Jésus ait été engendré dans le lointain passé qu’il ait été établi comme héritier)ne devraient pas figurer dans le texte si, selon la confession d’Athanase, toutes les personnes de la divinité sont de même grandeur et également éternelles.

4.2.4  Ce que disent les Evangiles

4.2.4.1 Paroles de Jésus

De nombreux passages du Nouveau Testament ne peuvent être compris par un lecteur attentif que si on admet la différence significative existant entre Jésus et Dieu.
"Si vous m'aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je vais au Père, car le Père est plus grand que moi" (Jean 14.28)
"Et il leur répondit: Il est vrai que vous boirez ma coupe; mais pour ce qui est d'être assis à ma droite et à ma gauche, cela ne dépend pas de moi, et ne sera donné qu'à ceux à qui mon Père l'a réservé." (Matt. 20.23)
"Pour ce qui est du jour ou de l'heure, personne ne le sait, ni les anges dans le ciel, ni le Fils, mais le Père seul." (Marc 13.32)
Ce texte tiré de l'Evangile de Marc est complété par un autre. Après sa résurrection Jésus précise que c'est le Père qui de sa propre autorité a fixé la date de son retour sur la terre:
"Ce n'est pas à vous de connaître les temps ou les moments que le Père a fixés de sa propre autorité." (Actes 1.7)
Tous les passages citées ne montrent rien d'autre que ceci: Le Père sait des choses que le Fils ignore et qu'il y a des choses que le Père fait et que le Fils ne peut pas faire. Cela signifie en dernier ressort que Jésus ne sait pas tout (Marc 13.32) et n'est pas tout-puissant, comparé à Dieu son Père (Matt. 20.23). En d'autres termes Jésus n'est pas Dieu.
En aucun endroit des Evangiles on ne voit Jésus se faire Dieu, mais en toute humilité il parle toujours de Dieu comme étant son Père. Toutefois le fait que Jésus ait été engendré par Dieu lui confère, bien qu'il soit devenu homme, la nature divine de son Père.
Mis à part un seul cas en Jean 20.28, là où Thomas s’écria “Mon Seigneur et mon Dieu!”, qui si on l'examine de plus près ne contredit pas notre thèse - les disciples désignent toujours Jésus très clairement comme l'Oint de Dieu ou le Fils de Dieu et jamais comme Dieu (voir Matt. 14.33, Matt. 16.15, Matt. 26.63 et 64, Jean 6.69 etc.)
Nous ne sommes donc pas autorisés à désigner Jésus par le nom de Dieu qui dans les écrits du Nouveau Testament désigne toujours le Père. (Voir l’alinéa ch. 3.2.2)
Nous pouvons par contre l'appeler "Seigneur" (c'est ainsi qu'il est appelé par les apôtres).- Jésus a en effet été établi par Dieu comme chef de l’église (Eph. 1.20 à 23).

4.2.4.2 La différence entre "Dieu" et "Fils de Dieu"

On entend souvent l'expression: "Dieu se fit homme". "Dieu mourut pour nous". D'un point de vue biblique ces expressions ne semblent pas être exactes, si nous tenons compte des affirmations que nous avons cités et qui sont tirées des Ecritures.
Sans vouloir couper un cheveu en quatre et attribuer à cette façon de s'exprimer une importance exagérée, mais si cependant nous ne voulons pas aller au-delà de ce que nous révèlent les Ecritures, il faudrait dire: "Lorsque le temps fut accompli, Dieu envoya son Fils" ou bien "Le Fils de Dieu mourut pour nous à la croix."
"Car Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique - il ne s'est pas donné lui-même (note de l'auteur) - afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais qu'il ait la vie éternelle (Jean 3.16)" - Revoir pour bien comprendre cette révélation ch. 4.2.3 et pour le terme de "Dieu" ch. 3.2.2.

Jésus-Christ est doublement Fils de Dieu.
Premièrement il a été engendré par Dieu dans les temps anciens, avant la création du monde (cosmos) (voir ch. 4.2.3) et deuxièmement lors de son incarnation, ayant Dieu pour père et Marie pour mère.
Pour ce qui concerne la période précédant son incarnation, le terme de "Fils" convient-il très bien? Il semble pour nous les hommes, avec notre vue limitée, être celui qui correspond le mieux à la réalité ou s'en rapproche le plus.
Il y a de nombreuses analogies entre le Fils de Dieu et un fils au sens humain du terme.
Un père - pour nous sur cette terre - éduque son fils et celui-ci lui doit obéissance. Ce même père fait de son fils son héritier. Il en sait "plus" que son fils, puisqu'il existait avant lui. C'est à son père que le fils doit son existence.
Comme nous l'avons écrit précédemment Dieu avait donné la gloire à son Fils avant la fondation du monde. Jésus avait reçu cette gloire "de par sa nature" étant directement issu de Dieu, ayant son origine en Lui. Dieu confirma l'origine divine de Jésus (voir Matt. 3.17 et Marc 1.11) et le ressuscita des morts après son sacrifice sur la croix et le revêtit d'une plus grande gloire encore parce-qu’il s'était abaissé pour le servir dans l'obéissance et parcequ'il avait assumé les souffrances au Calvaire.

"C'est pourquoi aussi Dieu l'a souverainement élevé, et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père." (Philippiens 2.9-11).
Il semble bien que le Fils de Dieu n'ait encore jamais eu la position définitive décrite dans ce passage de la lettre aux Philippiens. Il ne possédait pas encore, non plus, certains pouvoirs (ch. 4.2.5).
Tout indique que c'est le Père qui est à l'origine de l'existence de son Fils dans le ciel comme sur la terre et qu'il est la dernière instance. Ici la position de Jésus apparaît comme subordonnée à celle de Dieu et c'est aussi ce qui apparaît dans bien des passages du N.T.
Cette subordination ne concerne pas seulement Jésus lorsqu'il vivait sur cette terre, c'est à dire pendant la période de son abaissement volontaire. Des passages du N.T. font allusion également à une subordination de Jésus à son Père dans le monde céleste.
Après l'enlèvement de Jésus la relation filiale qui existait entre lui et son Père demeure. Pour les apôtres Jésus après avoir été élevé et revêtu de gloire reste toujours le "Fils de Dieu". (1. Cor. 1.9). Et pour nous-mêmes en tant que chrétiens nous attendons le retour du "Fils de Dieu" (1. Thess. 1.10).

Cette position de Jésus, subordonnée à celle de son Père, concerne à l'évidence certains attributs qui sont différents entre le Père et le Fils. Par exemple Jésus n'est pas aussi puissant que son Père et n'a pas toute la connaissance comme lui. (Jean 14.28; Matt. 20.23 et 24.36).
En outre Jésus reçoit certains pouvoirs qu'il ne posséderait pas s'ils ne lui avait été accordés par son Père (Jean 5. 22-27). Voir aussi les références du ch. 4.2.5 de cette étude.
Tout ceci montre qu'il y a eu une évolution dans la position occupée par Jésus et qu'elle est désignée dans le N.T. comme une "élévation".
Dans l’Apocalypse nous trouvons un passage au chapitre 3 verset 21 qui pourrait passer inaperçu mais est très instructif concernant la séparation de Jésus d’avec son père ainsi que leur différents domaines de compétences.
Il est ici question de deux trônes, le trône du Père sur lequel Jésus a le droit de s’asseoir et le trône de Jésus sur lequel certains hommes auront le droit de s’asseoir. Cela ne sera possible que si dans les 2 cas certaines conditions sont remplies.
Tout comme pour que les hommes puissent s’asseoir sur le trône de Jésus une condition doit être rempli (celui qui vaincra), Jésus lui aussi a dû remplir cette condition pour s’asseoir sur le trône de son Père.
Comme nous l'avons déjà signalé, le N.T. révèle que Jésus a été établi par Dieu comme "héritier". Ceci n'est compréhensible que s'il existe une différence de hiérarchie entre le Père et le Fils. Jésus ne peut hériter - c'est l'évidence même - que ce qu'il ne possédait pas encore, mais que Dieu veut bien lui accorder.

4.2.5  L'élévation de Jésus par son Père

4.2.5.1 Dieu désire que son Fils soit honoré

L'élévation de Jésus par son Père (Philippiens 2.9-11) a déjà été brièvement évoquée plus haut.
Il existe un autre passage de l'Ecriture, hautement intéressant, qui nous donne des précisions en ce qui concerne cette élévation de Jésus, en Jean 5.22 et suivants:
Le Père ne juge personne, mais il a remis tout jugement au Fils, afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père. Celui qui n'honore pas le Fils n'honore pas le Père qui l'a envoyé. (...)
Verset 26: Car comme le Père a la vie en lui-même, ainsi il a donné au Fils d'avoir la vie en lui-même. Et il lui a donné le pouvoir de juger, parcequ'il est le Fils de l'homme. Ne vous étonnez pas de cela; car l'heure vient où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix et en sortiront.
Ce qui est frappant ici, c'est qu'à l'avenir, ou désormais, le Fils doit être honoré comme le Père a été honoré dans le passé. En d’autres termes: Jésus qui auparavant, dans tout l'Ancien Testament et dans l'histoire du peuple juif n'a pas encore été révélé, devra être honoré, car telle est la volonté du Père. Et qui plus est: A l'avenir, quiconque n'honore pas le Fils de Dieu n'honore pas non plus le Père, qui est Dieu. Auparavant seul le Père pouvait être honoré, et non pas le Fils de Dieu, puisqu'il n'était pas encore connu. Mais maintenant qu'il est apparu, l'honorer est une condition nécessaire au salut. Quiconque ne l'honore pas, n'honore pas non plus le Père.
Ce passage précise également que ce n'est pas le Père qui jugera les hommes, mais Jésus lui-même. Le Père a remis les pleins pouvoirs à Jésus pour qu'il juge. Pour quelle raison? La réponse se trouve au verset 27 de ce même chapitre: "parce qu'il est le Fils de l'homme".

Jésus est né d'une femme et a vécu comme homme. Pendant un temps il a vécu en se situant au même niveau que les hommes, c'est pourquoi il est en mesure de les comprendre et donc de les juger (Héb. 2.18 et 4.15).
Les hommes seront donc jugés par quelqu'un qui a été homme lui-même. Ainsi en a décidé Dieu dans son amour pour l'homme, décision absolument juste, motivée par une parfaite compréhension de ce qu'est l'homme dans sa nature profonde.
Au verset 26 du ch. 5 de Jean nous lisons que le Père a donné à Jésus "d'avoir la vie en lui-même". Il est difficile d'en saisir toute la portée. En tous cas cela donne à Jésus le pouvoir de ressusciter les morts pour le jugement (verset 28).
Tout ce pouvoir remis à Jésus-Christ contredit la thèse d'une égalité éternelle existant entre Jésus et son Père. Jésus dispose de certains pouvoirs seulement à partir (et à cause) de son incarnation, parce qu'il est le Fils de l'homme. Il reçoit ce pouvoir de son Père ce qui indique bien ici, qu'il n'est pas entièrement identique à lui, dans son entité, mais qu'il existe une "relation de dépendance" et que c'est le Père qui dispose de la puissance suprême. Si Jésus était Dieu (c’est à dire identique au Père concernant son entité), il posséderait déjà ce pouvoir de juger les hommes.

4.2.5.2 Dieu veut que Jésus soit notre Sauveur et Seigneur

Dans Actes 5.30-31 il est question de Jésus élevé par Dieu.
"Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus, que vous avez tué, en le pendant au bois. Dieu l'a élevé par sa droite comme Prince et Sauveur, pour donner à Israël la repentance et le pardon des péchés."
A ce sujet il faut noter que "Dieu" (Theos) désigne ici sans conteste le Père de Jésus-Christ.
Lorsque Pierre prononça ces paroles il ne pensait encore à ce moment là qu'à Israël et non aux païens. Ce n'est que plus tard qu'il reçut la révélation que Jésus devait aussi être le Sauveur et Seigneur des païens.
Mais que signifie exactement le fait que Jésus soit élevé au rang de Prince et Sauveur?

Aujourd'hui nous pouvons difficilement imaginer la portée de cette révélation. Pour les Juifs de l'époque ce dut être une affirmation oh combien scandaleuse. Pourquoi? Tout simplement parce-que Jésus prend la place de Dieu, et plus encore, il devient Seigneur et Sauveur. Tout se décide désormais à partir de Sa personne. Dieu en agissant ainsi délègue à Jésus la puissance de Sauveur, de Prince et le revêt de sa propre gloire. C'est en fait pour eux, Juifs, quelque chose d'inimaginable. Dieu place Jésus au premier plan, car ce n'est que par lui, que nous pouvons être sauvés. Car, pour nous les hommes, Jésus, en tant que Sauveur et Prince (celui qui règne), se trouve placé dans une position plus importante que celle du Père et ceci par la volonté de Dieu lui-même.
Ici apparaît la portée de cette élévation dans toute sa signification profonde.
On pourrait penser que l'élévation se réduirait pour Jésus-Christ, après sa résurrection, à l'abandon des contraintes et des limites de sa condition d'homme, mais ce ne serait pas alors une authentique élévation, car Jésus avant sa venue sur terre était déjà revêtu de gloire (Jean 17.24 b).
Pourrait-on réellement employer ce mot d'élévation si Jésus ne faisait que retrouver la gloire qui était déjà la sienne avant son incarnation? Il n'aurait fait que retrouver la position qui lui revenait. Ce n'est pas de cela qu'il s'agit. Il a été élevé au-dessus de la gloire qu'il possédait déjà pour devenir Seigneur et Sauveur (cf. Phil. 2.9-11).
Cette élévation n'aurait aucun sens, si Jésus avait la même position que Dieu, si donc il était lui-même Dieu. Il n'aurait pas été nécessaire qu'il soit élevé au rang de Seigneur par son Père l'étant déjà.
Si nous gardons à l'esprit le fait que Jésus est le Fils de Dieu - pas seulement sur la terre mais depuis avant la fondation du monde - Fils unique engendré par Dieu (Col. 1.15), et que son Père dispose de la puissance suprême, alors cette élévation garde tout son sens.
On comprend aussi beaucoup mieux que Paul écrive qu'un jour Jésus remettra à Dieu la position qui lui a été accordée (tout a été soumis à Jésus-Christ, il est le maître du royaume) et se soumettra lui-même à Dieu (1. Cor. 15.24b - 28).

4.2.6  Le Père est aussi le Dieu de Jésus Christ

4.2.6.1 Jésus désigne son Père comme "son Dieu"

"Celui qui vaincra, je ferai de lui une colonne dans le temple de mon Dieu, et il n'en sortira plus; j'écrirai sur lui le nom de mon Dieu, et le nom de la ville de mon Dieu, de la nouvelle Jérusalem qui descend du ciel d'auprès de mon Dieu, et mon nom nouveau (Apocalypse 3 V. 12)".
Ici Jésus parle du Père comme de "son Dieu". Pour celui qui croit en la Trinité, cela devrait constituer un obstacle quasi insurmontable.
Les élus reçoivent de Jésus-Christ trois noms: le nom de Dieu (le Dieu de Jésus), le nom de la nouvelle Jérusalem et son propre nom (celui de Jésus). On remarquera ici que le Saint Esprit n'est pas cité (voir ch. 5 alinéa 3!).
Cette déclaration de Jésus-Christ est à mettre en parallèle avec le texte de Jean 20.17 où Jésus, aussitôt après sa résurrection dit à Marie-Madeleine: "Ne me touche pas car je ne suis pas encore monté vers mon Père et votre Père vers mon Dieu et votre Dieu."
Pourquoi Jésus s'exprime-t-il ainsi, si la réalité est autre. Refusons nous de voir ce qui est?
A ce propos nous ne devons jamais oublier que Christ est la voie qui mène au Père, qui mène à Dieu. Personne ne vient au Père si ce n'est par lui. Il est pour nous l'intermédiaire, le médiateur, le souverain sacrificateur éternel, mais il n'est pas lui-même Dieu.
Un autre passage peut être évoqué en Matt. 27.46. "Jésus sur la croix s'écrie d'une voix forte: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné"? Rien ne peut être plus clair et plus net: Jésus-Christ et Dieu sont bien deux personnes distinctes et différentes d'un point de vue hiérarchique. Le Fils de Dieu est l'Agneau du sacrifice et Dieu est celui à qui ce sacrifice est offert. Dieu accepte ce sacrifice uniquement parce qu'il s'agit de son propre Fils.

4.2.6.2 Les apôtres parlent du "Dieu de Jésus-Christ"

Les apôtres Paul et Pierre emploient souvent dans les épîtres l'expression "le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ".
Voici deux exemples parmi beaucoup d'autres:
"... afin que le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père de gloire vous donne un esprit de sagesse et de révélation dans sa connaissance (Eph. 1.17).
"Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ ..."  (1 Pierre 1.3, version Segond révisée).

4.2.6.3 Jésus est assis "à la droite de Dieu"

De nombreux passages disent du Christ ressuscité qu'il se tient ou qu'il est assis à la droite de Dieu. Ceci s'insère fort bien dans le cadre de cette étude. Une fois de plus il apparaît clairement: Jésus-Christ n'est pas Dieu, puisqu'il est assis à sa droite.
"Si donc vous êtes ressuscités avec Christ, cherchez les choses d'en-haut, où Christ est assis à la droite de Dieu (1 Col. 3.1).
"Mais Etienne rempli du Saint Esprit et fixant les regards vers le ciel, vit la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu" (Actes 7.55).
Voir aussi les passages suivants: 1 Pierre 3.22; Luc 22.69; Actes 10.42).
D'autres passages établissent l'existence d'une hiérarchie:
1 Jean 4.12; Jean 17.3; Luc 18.19; Actes 2.34-36; Actes 3.18-23; Jean 6.46.

4.2.7 Le sens profond du sacrifice de Jésus

Le sacrifice que Dieu a consenti pour le salut de l'homme, est bien plus grand que le dogme de la Trinité ne pourrait laisser supposer.
Pour en saisir toute la portée il est utile de faire un retour à l'Ancien Testament et d'examiner l'anticipation prophétique que constitue le sacrifice d'Isaac.
Abraham devait sacrifier Isaac, son fils unique, qu'il aimait par dessus tout, oui plus que lui-même, car Isaac était le fils sur lequel reposaient les promesses de Dieu et tout l'avenir du peuple d'Israël (Gen. 22.1-19). On imagine facilement qu'Abraham aurait préféré mourir à la place de son fils, plutôt que de le sacrifier. Dieu intervint au dernier moment et empêcha Abraham d'aller jusqu'au bout. Dieu, lors de cet événement (qui était une anticipation prophétique du sacrifice de Jésus) empêcha le sacrifice de s'accomplir, ce qu'il ne fit pas pour son propre Fils, et ceci pour que les hommes puissent être sauvés.
Tout comme Isaac, Jésus est le Fils unique que Dieu aime par dessus tout. Il est aussi celui sur qui reposent les promesses de Dieu ainsi que l'avenir de l'humanité.
Pour Dieu, laisser son Fils mourir et être séparé de lui (Matt. 27.46) représente vraiment le sacrifice suprême. On ne doit pas oublier que Jésus avant de venir sur la terre, alors qu'il était encore au ciel, était son Fils unique et bien-aimé.
Dieu donna celui qu'il aimait par dessus tout. Il ne s'est pas donné lui-même, mais il a donné son Fils, ce qui représente un plus grand sacrifice encore.
C'est alors qu’apparaît l'immensité de l'amour de Dieu.
"Car Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle" (Jean 3.16).
L'amour de Jésus-Christ faisant don de sa personne est tout aussi grand, car il savait fort bien quel sacrifice lui était demandé. Et il a pourtant quitté la gloire céleste et sa relation étroite avec son Père, pour nous les hommes. Il a obéi à son Père par amour pour nous et par amour pour son Père (Phil. 2.6-8).
Au regard de tous les passages cités contredisant la notion de Trinité, on peut s'étonner que ce dogme, introduit très tôt dans l'enseignement de l'église catholique occupe toujours une place aussi centrale parmi tous les dogmes. Nous essaierons de montrer pourquoi il n'a pas encore été battu en brèche au ch. 7 alinéa 2.

4.2.8    La position du Serviteur de l’Eternel dans le livre d’Esaïe

La Thora, les Psaumes et les Prophètes de l’Ancien Testament annoncent la venue d’un Messie, que les Juifs attendent encore aujourd’hui. Nous les chrétiens savons que Jesus-Christ, né il y a 2000 ans, est ce Messie.
Certaines affirmations de l’A. T. concernant le Messie, semblent se contredire. D’une part le Messie est annoncé et décrit comme quelqu’un de très proche de l’être humain, qui devra souffrir et être méprisé (Esaie 53 et Psaume 22), d’autre part l’A.T. le décrit comme un roi puissant qui régnera sur tous les hommes et qui vaincra et soumettra tous les ennemis de Dieu. (Daniel 7. 13 et 14 ; Psaume 110.1)

Une approche superficielle fait apparaître ces deux aspects du Messie comme inconciliables. Et pourtant si on tient compte de la naissance, de la vie et de la mort, de la resurrection de Jésus-Christ, ainsi que de son retour, cette apparente contradiction trouve son explication. Il s’agit en effet de deux périodes distinctes de l’œuvre et de l’action du Messie.
La première fois Jésus est venu comme Fils de l’homme et n’a pas utilisé les pouvoirs dont il disposait en sa qualité de Fils de Dieu. Il a été méprisé et rejeté par les hommes, il a souffert pour eux et à cause d’eux - souffrance qui a culminé dans sa mort à la croix.
Lors de sa première venue en tant que Sauveur, il s’est offert à Dieu en sacrifice, comme « l’agneau pascal ». Ce sacrifice assure à ceux qui l’acceptent, le pardon éternel de leurs péchés. Mais Jésus est ressuscité. Et il a annoncé qu’il reviendrait.
Lors de sa deuxième venue Jésus reviendra cette fois-ci en tant que juge des hommes, comme Roi des Rois et établira - au sens politique du terme en quelque sorte - le Royaume de Paix de Dieu sur terre.

Ces deux perspectives, déjà présentes dans l’A.T., n’apparaissent pas, selon l’interprétation de l’époque, comme bien distinctes l’une de l’autre d’un point de vue chronologique. C’est ce qui explique les difficultés rencontrées jadis par les Juifs à reconnaître Jésus comme le Méssie et à l’accepter comme tel.
Ils attendaient le Messie comme un roi puissant, qui les délivrerait de l’occupation romaine et établirait le Royaume de Dieu au sens politique du terme, et ceci à partir de la nation d’Israêl. C’est ce qui se réalisera lors de la deuxième venue de Jésus.
Un regard en arrière nous amène à constater, que ce qui s’est produit était bien dans le plan de Dieu.
Le rejet de Jésus par la plupart des Juifs, a fait du Messie la Lumière et le Salut des païens. Il était nécessaire que Jésus mourut d’une mort violente pour devenir l’Agneau du sacrifice, ce qui signifie le Salut pour tous les hommes. Ce sacrifice était déjà préfiguré par l’Agneau de la Pâque juive. Avant le départ d’Egypte, les Israêlites durent appliquer le sang d’un agneau ou chevreau immolé, sur le linteau de leur porte, afin que l’ange exterminateur épargne les premiers-nés de leur famille.
De même, tous les hommes, juifs ou non-juifs seront épargnés par le jugement de Dieu à cause de leurs péchés, s’ils se placent sous la protection du sang versé par le Messie immolé, c’est à dire s’ils acceptent pour eux-mêmes l’œuvre salvatrice de Jésus-Christ.
Dans le livre d’Esaïe on peut lire: « Mais il était blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités. (Esaïe 53.5)…Il a plu à l’Eternel de le briser par la souffrance, après avoir livré sa vie en sacrifice pour le péché. (53.10) … Car il a porté les péchés de beaucoup d’hommes et il a intercédé pour les coupables. (53.12) »

C’est parce que Jésus s’attribue et prend en compte pour lui-même les passages du livre d’Esaïe et de Malachie, concernant le Messie qui doit venir (Luc. 1.16-22 et Matth. 12.15-21), qu’il est important de les examiner de très près.
Philippe dans le livre des Actes (ch. 8 V. 29-25) rapporte lui aussi ce passage tiré d’Esaïe à Jésus lui-même, Serviteur de l’Eternel.
Examinons le premier chant sur le Serviteur de l’Eternel. (Esaïe 42 V. 1 à 9)
Les déclarations faites içi sur le Serviteur de l’Eternel concernent Jésus lui-même.
Verset 1 … « mon Elu en qui mon âme prend plaisir. J’ai mis mon Esprit sur lui, il annoncera la justice aux nations. »
Ceci correspond à ce qui est écrit en Marc ch.1 V.9-11, lors du baptême de Jésus, lorsque son Pére confirme : « Et une voix fit entendre des cieux ces paroles : Tu es mon Fils bien-aimé, en Toi j’ai mis toute mon affection. (V.11) » Jésus est alors rempli de l’Esprit de Dieu. Au moment où il sortait de l’eau il vit les cieux s’ouvrir et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe. (V. 10)
V.2 « Il ne criera point, il n’élèvera pas la voix et ne la fera point entendre dans les rues… »
Au premier abord, ce passage ne semble pas correspondre à la réalité. Jésus n’a-t-il pas œuvré en public ? Mais si onication ce que Moïse a prescrit. » (Luc 5.14)
On peut donc affirmer que Jésus ne souhaitait pas qu’on fasse de la publicité autour de sa personne. Il n’était pas dans ses intentions de devenir « le centre d’intérêt », sinon il n’aurait pas agi comme il l’a fait.
Sa renommée se répandit pourtant comme une trainée de poudre, car ceux qui étaient guéris ne respectaient pas ses instructions.
V. 3 « Il ne brisera point le roseau cassé, et il n’éteindra point la mèche qui brule encore … »
Cette déclaration se rapporte au comportement de Jésus vis à vis des pécheurs, des publicains, des adultères, de tous ceux qui sont rejetés. Jésus n’a pas condamné tous les gens qui qui se trovaient en marge de la société de l’époque et qui étaient méprisés par elle, mais au contraire il leur a porté secours et il les a aimés.
V. 6 « Moi, l’Eternel, je t’ai appelé pour la justice et je te prends par la main, je te protège (très exactement : je te forme ; selon la note de la version Segond révisée) et je t’établis pour faire alliance avec mon peuple, pour être la lumière des nations. »
Il s’agit bien de l’Eternel et non de Jésus. C’est Jahvé ou Dieu qui a formé Jésus, le Messie. Ceci est confirmé dans le N.T. Jésus est le Fils de Dieu. Le Père (Jahvé) l’a engendré et « formé », pas seulement sur la terre, mais aussi dans les cieux. Dans Apoc. Ch. 3 V. 14 nous lisons : « Voici ce que dit l’Amen, le témoin fidèle et véritable, le commencement de la création de Dieu. »
Le premier verset du ch. 5 de Michée fait également allusion à un Messie dont l’origine remonte aux temps anciens, aux jours de l’éternité. Dieu a établi Jésus pour réaliser la Nouvelle Alliance (=Nouveau Testament) entre Lui et les hommes. Les juifs pensaient d’abord que cette alliance n’était destinée qu’à eux seuls. (Actes ch. 10) Pierre reconnut plus tard, grace à l’intervention de Dieu (toujours dans ce même ch. 10 du livre des Actes) que les païens faisaient parti de cette alliance et que le Messie était aussi désigné par Dieu à être « la lumière des nations »
Ce premier « chant du Serviteur de l’Eternel » concerne pleinement Jésus tel qu’il nous est présenté dans le N.T. Ici nous est montrée la difference fondamentale qui existe entre Jésus et son Pére. Jahvé est à l’origine du Messie,  en est le créateur. C’est aussi Lui qui lui confie sa mission et le charge d’accomplir le plan salvateur. L’image du Messie présentée içi contredit l’enseignement du dogme trinitaire, dans la mesure ou il n’y a qu’un seul Dieu, qui est le créateur de son Serviteur et celui qui le charge d’une mission. Esaïe  42 V. 6 : « Je t’ai appelé (formé) pour le salut, pour traiter alliance avec mon peuple. »

Quiconque affirme, que Jahvé et le Serviteur de L’Eternel formeraient une même unité, disposant de la même puissance ne tient pas compte de la révélation du texte.
Celui qui prétend, comme jadis Athanase, que l’Agneau du sacrifice d’expiation apporté à Dieu, devrait être Dieu lui-même (former un seul Etre avec lui) sinon il ne pourrait y avoir pardon des péchés, oublie que c’est l’Eternel, cèst à dire Dieu, qui a appelé son Serviteur (Esaïe 42 V. 6) c’est à dire Jésus, pour établir une alliance avec son peuple.
Dieu est entièrement souverain dans sa façon d’agir et il est le seul à décider du sacrifice qu’il accepte. Il ne s’est pas désigné lui-même comme objet de sacrifice, mais il a désigné son Fils unique, en qui il a mis toute son affection, qui existait déjà avant la fondation du monde.
Cést là le plus grand sacrifice que Dieu puisse consentir. L’affirmation d’Athanase prétendant que Jésus ne peut nous sauver que s’il forme un seul et même Etre avec Dieu devient caduque.
Elle n’est en fait qu’une argumentation humaine qui ne s’appuie pas sur les textes bibliques.
Je propose de parler de la divinité de Jésus-Christ. Jésus, en sa qualité de Fils de Dieu a « cela va de soi » la même nature que son Pére, sans pour autant être Dieu lui-même. Il est comme Dieu mais n’est pas Dieu. Il reçoit de son Père les pleins pouvoirs (les pouvoirs suprêmes). Il ne se les attribue pas lui-même.
Certains pourraient croire qu’on débouche alors sur un polythéisme ou plus exactement un « dithéisme » (qui sous-entend deux Dieux). On peut alors rétorquer qu’il n’y a qu’un seul Dieu, Jahvé, qui a élevé son Fils à un rang suprême, qui a fait de Lui le Maître et le Sauveur des hommes - ce qui n’est devenu réalité qu’après l’incarnation, la mort à la croix et la résurrection de son Fils.

C’est pourquoi en Jean 5 V. 21 à 23 Jésus dit aux Juifs que tous doivent honorer le Fils,  comme ils honorent (déjà) le Père. Quiconque n’honore pas le Fils, n’honore pas le Père, qui l’a envoyé.
D’autre part on pourrait trouver qu’il existe un certain « dithéisme » (qui sous-entend deux Dieux). Après la résurrection du Christ, les chrétiens font monter leur prière vers le Père, mais aussi vers Jésus. Il n’en était pas ainsi sous l’ancienne Alliance, mais cela est devenu possible, car Jésus a reçu de Dieu un nom qui est au-dessus de tout nom. Notons qu’on adresse pas de prière au Saint-Esprit, ni dans l’A.T ni dans le Nouveau Testament.
La position de Jésus dans les Evangiles a toujours été celle d’un serviteur, de quelqu’un chergé d’une mission… Jésus détournait toujours l’attention de sa personne pour l’orienter vers Dieu qu’il désignait comme son Père.
Il reconnaissait l’autorité de Dieu sur sa vie et lui était soumis, comme il convient à un serviteur. Ceci apparaît clairement dans Hébreux 5 V. 7-11. On pourrait parler içi de la crainte de Jésus vis à vis de son Père. (crainte est à prendre içi au sens biblique du terme,
c’est à dire soumission, respect. Voir : 2 Cor. 7.1). Il n’est pas question içi de crainte ou respect par rapport à lui-même mais par rapport à Dieu seul, son Père.
Dans le troisième chant du Serviteur de l’Eternel (Esaïe 50.4-9) cette crainte du Serviteur vis à vis de Dieu et l’attente de son secours, lorsqu’il est dans une situation difficile est décrite avec précision.

La position de Jésus telle qu’elle est décrite par Esaïe correspond exactement à celle de Jésus telle qu’elle nous est rélevée dans le Nouveau Testament. Cette position dévoile une totale soumission.
Conclusion : De même que selon le texte le Messie est le Serviteur de l’Eternel et non l’Eternel lui-même, Jésus est, dans le N.T. le Fils de Dieu et non Dieu lui-même.

5. La position du Saint Esprit

Le lecteur soucieux d'objectivité aura reconnu, d'après les arguments avancés dans cette étude, qu'il existe une différence hiérarchique significative entre Dieu et son Fils. Mais ce n'est pas tout. Le dogme de la Trinité est erroné d'un double point de vue. D'une part il établit artificiellement une égalité entre Dieu et le Fils de Dieu et d'autre part une séparation arbitraire entre Dieu et l'Esprit de Dieu. Celui-ci en effet est présenté comme une personne indépendante.

5.1 Le Saint Esprit est-il une personne?

La question est la suivante: Le Saint Esprit est-il une personne indépendante, autonome qui tout comme Jésus pense, ressent et agit en être indépendant? Le Saint Esprit a-t-il une volonté propre qui lui est personnelle?
Voilà deux questions auxquelles à la lumière des déclarations de l'Ancien et du Nouveau Testament on ne peut répondre par l'affirmative.
Car si la différence entre Dieu et Jésus-Christ apparaît nettement, il n'en est pas de même entre Dieu et l'Esprit de Dieu.
Il est d'autant plus surprenant que dans la tradition catholique le Saint Esprit ait été considéré très tôt comme une personne de la "Divinité" égale aux autres en droit.
A partir des textes du Nouveau Testament, qui révèlent certaines caractéristiques du Saint Esprit, on en conclut bien vite que le Saint Esprit est une personne, distincte de Dieu (le Père).

Si l'on prend en compte l'ensemble des Ecritures il est tout à fait logique de considérer le Saint Esprit comme étant l'Esprit de Dieu (du Père). Cela signifie qu'il n'est pas une personne indépendante par rapport à Dieu (le Père) mais qu'il est le propre Esprit de Dieu.
Il n'y a aucune contradiction avec les passages du Nouveau Testament qui précisent les caractéristiques propres au Saint Esprit. Bien au contraire. Le Dieu de la bible est présenté comme une personne et son Esprit se révèle avec les mêmes caractères, c'est à dire ceux d'une personne.
Le terme de "caractéristiques propres" ne doit pas prêter à malentendu et inciter à penser que le Saint Esprit est un être différent de Dieu et indépendant, ayant une volonté propre.
A la différence de l’Esprit de Dieu Jésus est une personne avec sa volonté propre, qui - bien que ce soit difficilement concevable pour nous - peut être différente de celle de Dieu et s’en écarter si Jésus ne la lui soumettait par une décision délibérée. Nous en avons une confirmation très nette quand Jésus prie son Père, dans le jardin de Gethsémané: "Toutefois, non pas ce que je veux mais ce que tu veux".
Cette volonté propre est le signe caractéristique d’une personnalité indépendante.
A propos du Saint-Esprit rien n’indique dans le Nouveau Testament qu’il puisse avoir une volonté indépendante de celle de Dieu.

Le Saint Esprit est l'esprit de Dieu, la présence de Dieu, agissant personnellement sur terre et dans le coeur des hommes. Ceci n'empêche nullement que le Saint Esprit ait une certaine indépendance ou autonomie. L'Ancien Testament parle toujours de l'Esprit de Dieu ou bien de l'Esprit du Seigneur. Il vient de Dieu et prend possession des hommes. Il est pour ainsi dire une sorte de dédoublement de la conscience divine. Comme Dieu est infini, il peut selon sa volonté remplir de sa présence un très grand nombre d'hommes.
Puisque Dieu est une personne, sa présence en nous présentera les caractères propre à une personne. Cette présence nous exhortera, nous encouragera, nous fortifiera, nous dirigera et agira même au travers de nous. Elle pourra se retirer et être attristée. Ceci ne nous permet pas d'extrapoler et de prétendre que le Saint Esprit est une personne indépendante (indépendante du Père et de Jésus) et avec laquelle on peut dialoguer. Par contre le NT nous montre qu'on s'adresse à Dieu lui-même et qu'on l'adore et qu'on s'adresse également à Jésus Christ lui-même qu'on lui parle et l'adore.
En d'autres termes: Tandis qu'il existe entre Jésus et Dieu une différence quant à leur personne, leur entité, tout comme il existe une différence entre un père est un fils (bien que la différence entre Père et Fils puisse être autre que celle qui existe sur terre), il n'y a, par contre, pas de différence d'entité entre Dieu et le Saint Esprit. Celui ci est une partie de la personne de Dieu, de même que l'esprit de l'homme selon la bible est une partie de l'être humain pris dans sa totalité.

A ce propos il est intéressant de noter que certaines traductions allemandes de la bible transcrivent sans exception le terme de "Saint-Esprit" avec une majuscule à "Saint". (Traduction d'Elberfeld, par exemple). C'est déjà une prise de position ou interprétation préalable, indiquant qu'il s'agit d'un nom propre. Serait-ce le dogme de la Trinité qui aurait donné l'impulsion à l'utilisation de la majuscule?
L'orthographe utilisée dans la traduction allemande d'Elberfeld n'est pas justifiée si l'on se réfère au texte original, car dans bien des passages du NT lorsqu'il est question de Saint Esprit, saint est simplement l'adjectif qui désigne l'attribut propre à l'Esprit. (Voir commentaire de la Companion Bible).
Par contre, la traduction de Luther écrit "saint" avec une minuscule: Comme il s'agit de l'Esprit de Dieu il est saint et devrait donc être désigné comme "saint Esprit".
Le Saint Esprit apparaît dans l'Ancien et dans le Nouveau Testament comme appartenant étroitement au Père. Il ne présente pas les caractéristiques propres à une personne indépendante, comme c'est le cas pour Jésus-Christ, car il est toujours présenté soit en rapport avec Dieu soit en rapport avec Jésus-Christ, et comme dépendant de l'un ou de l'autre.

Dans le Nouveau Testament il est écrit à plusieurs endroits que Jésus baptise du Saint Esprit (par ex. Luc 3.16). Ce dernier apparaît ici moins en tant que personne que comme présence de Dieu, comme "élément" (Dans le baptême d'eau il y a l'élément "eau")
Très souvent, aussi bien dans l'AT que dans le NT, il est considéré comme puissance de Dieu en action (puissance agissante).
Et pourtant on peut blasphémer contre lui comme contre une personne (Matt. 12.22 ...).
Nous allons examiner de plus près ce passage, car il illustre de façon remarquable la différence qui existe entre le Fils et l'Esprit de Dieu.
Cette différence contredit l'interprétation selon laquelle le Fils occupe une position (un rang) semblable à celle du Père (ou de son Esprit).
Que dit le texte? Jésus chassait les démons par l'Esprit de Dieu (C'est ce qu'il affirme lui-même). Les pharisiens eux prétendent que c'est par Béelzébul, le prince des démons, qu'il les chasse. Le verset 24 a) semble indiquer que c'est de propos délibéré et tout à fait consciemment (quoiqu'intérieurement persuadés du contraire) qu'ils qualifient le Saint Esprit d'esprit démoniaque, dans le but de discréditer Jésus aux yeux du peuple. Jésus répond d'une façon très sévère: Tout péché et tout blasphème contre le Fils de l'homme c'est à dire contre lui-même sera pardonné aux hommes, mais pas celui contre l'Esprit.
De nombreux théologiens ont essayé de minimiser ce "péché contre le Saint Esprit" en donnant une interprétation plus ou moins nébuleuse de ce passage. Il est donc nécessaire de s'y attarder.
Bien que n'étant pas théologien moi-même, je pense qu'on peut distinguer deux éléments dans ce "blasphème".

1) L'expression verbale, qui attribue au diable l'action de Dieu par son Esprit (l'authentique action de Dieu, et non celle que nous avons quelquefois tendance à considérer comme venant de Lui)
2) Le reniement intérieur et le refus en toute mauvaise foi de reconnaître l'action de Dieu. Chaque fois que ces deux éléments se retrouveront en même temps, l'affirmation de Jésus aura toute sa valeur. Celui qui cherche à minimiser à la fois les faits et les conséquences qui en résultent, ne prend pas Jésus au sérieux.
Venons-en maintenant à la question décisive qui nous intéresse: Pourquoi le blasphème contre le Saint Esprit est-il beaucoup plus lourd de conséquences que le blasphème contre Jésus-Christ?
On ne peut répondre de façon satisfaisante à cette question si on ne tient pas compte de la nature du Saint Esprit d'une part et de Jésus d'autre part. La réponse apportée par cette étude sera la suivante: Dans le premier cas c'est contre Dieu en personne que l'on blasphème, car le Saint Esprit est issu de Dieu lui-même, il est l'Esprit de Dieu, la personne même de Dieu - ce qui n'exclut d'ailleurs pas qu'il puisse se mettre à la disposition de Jésus (Actes 2.33).

Dans l'autre cas, celui qui est concerné "n'est que" le médiateur entre Dieu et les hommes, qui a été engendré par Dieu et dont la mission est de servir d'intermédiaire entre Dieu et l'homme et d'être le chemin qui conduit à Dieu.
Pour être bref: Jésus n'est pas Dieu lui-même mais il est le chemin vers Dieu, tandis que l'Esprit saint est Dieu lui-même.
Le récit rapporté en Matt. 12.22... montre qu'il existe un lien avec L'AT, où la sainteté de Dieu est présentée comme absolue et où on montre sa colère face au péché de l'homme; celui qui blasphémait contre Dieu était puni de mort.
Il souligne également l'importance du rôle de Jésus-Christ comme médiateur. L'homme tel qu'il est ne peut subsister face à la sainteté de Dieu. Il a besoin d'un intermédiaire qui le justifie aux yeux de Dieu et le rend saint. C'est Jésus qui est cet intermédiaire. Il nous sauve (nous préserve) de la colère de Dieu.

5.2 L'adoration du Saint Esprit

Il y a quelque chose qui devrait nous faire réfléchir. Nulle part dans la bible il n'est écrit que nous devions ou pouvions prier le Saint Esprit.
Nous ne trouvons nulle part cette façon de faire comme c'est parfois le cas (assez rarement il est vrai) dans certaines églises  ou communautés évangéliques.
On s'attendrait à ce que certains passages de l'Ecriture nous invitent à le faire, si l'Esprit de Dieu était vraiment une personne, qui tout comme Jésus - soit indépendante du Père.
N'est-il pas curieux que la bible nous enseigne à prier Dieu et aussi Jésus-Christ, mais pas le Saint Esprit?
Dans la scène grandiose d'adoration, décrite par Jean dans Apoc. 5.13, toutes les créatures adorent celui qui est sur le trône et également l'Agneau. Il est nullement question d'adoration adressée au Saint Esprit.
Si le dogme trinitaire était justifié il est surprenant, que précisément dans ce passage le Saint-Esprit ne soit même pas mentionné - s’il devait lui aussi être honoré et adoré. Pourquoi n’est-ce pas le cas?

Il y a une explication toute simple et évidente à cela, et il suffit qu'on l'accepte: Si le Saint Esprit est la présence de Dieu (du Père) en l'homme il ne saurait être question de l'adorer pour lui-même. Car il est une "expression", "une présence du Père", " une puissance agissante" de Dieu.
Aucun passage de l'Ecriture ne signale qu'il faille prier ou adorer le Saint Esprit ou nous invite à le faire. La prière adressée au Saint Esprit n'a donc aucune base biblique.
Par contre Jésus invite ses disciples à demander au Père qu’il les remplisse de l’Esprit-Saint (Luc 11.13). Il ne les invite pas à s’adresser au Saint-Esprit lui-même.
Jesus est présenté comme celui qui baptise du Saint-Esprit (Marc 1.8). Celui à qui l’on doit s’adresser pour recevoir ce baptême, n’est donc pas le Saint-Esprit mais Jésus.

5.3 L'origine de l'Esprit saint - La part de Jésus à cet Esprit

Dans le NT Jésus reçoit le pouvoir d'envoyer l'esprit de Dieu et de baptiser du Saint Esprit.
Le Saint Esprit comme l'attestent les passages indiqués plus loin est issu du Père. Il est son Esprit. Mais Jésus, aimé de son Père d'un amour infini reçoit de lui le pouvoir de disposer de sa Présence (Actes 2.33) On peut penser que Jésus a reçu ce pouvoir seulement après sa résurrection et son élévation. Ce verset d'Actes 2.33 semble l'indiquer. Comme nous l'avons déjà montré le Fils de Dieu reçoit de son Père un certain nombre de pouvoirs, parce qu'il est devenu l’Agneau de Dieu et qu'il a été trouvé digne ayant été élevé par son Père après avoir vécu comme homme et être mort pour l'humanité (Apoc 5.9). Jésus, par exemple, a reçu de son Père le pouvoir de juger les hommes parce qu'il est devenu Fils de l'homme (Jean 5.27). Voir ch. 4 alinéa 2.5: L'élévation de Jésus par son Père.

"Elevé par la droite de Dieu, il a reçu du Père le Saint Esprit qui avait été promis, et il l'a répandu, comme vous le voyez et l'entendez."( Actes 2.33...).
Ici l'Esprit est à considérer beaucoup plus comme élément, présence de Dieu et non comme personne indépendante. Note de l'auteur).
L'Apocalypse (l'AT aussi) parle des 7 esprits de Dieu (Apoc 4.5; 1.4; 3.1; 5.6) qui sont envoyés par toute la terre.
Apoc 3.1 et 5.6 nous montrent  clairement que Jésus après sa résurrection dispose des 7 esprits de Dieu. Il est parlé des 7 yeux et cornes de l'Agneau.
" Mais le consolateur, l'Esprit saint, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit." (Jean 14.26)
"Quand sera venu le consolateur, que je vous enverrai de la part du Père, l'Esprit de vérité qui vient du Père, il rendra témoignage de moi." (Jean 15.26)
Ces versets montrent, ainsi que d'autres passages non cités, que le Saint Esprit vient du Père, est issu de Lui et non de Jésus (voir Matt. 10.20; Luc 11.13).
Il faut donc considérer que le Saint Esprit appartient au Père. Il est répandu depuis la plénitude infinie de Dieu et lui permet d'être présent en l'homme et de communier (communiquer) avec lui (Rom 8.16).
Il est "le bras agissant de Dieu" sur terre, pouvant exercer son influence sur l'homme. Il est la présence de Dieu. Ceci apparaît aussi au travers des écrits de l'AT.
Le Père est donc à l'origine du Saint Esprit. Il en est la source. Mais Jésus a reçu le pouvoir d'en disposer (Apoc 3.1) Il en a reçu du Père la promesse (Actes 2.33). Il est, après sa résurrection, celui qui baptise du Saint Esprit (Luc 3.16). Il est conjointement avec l'Esprit saint (qui est l'Esprit du Père), présent dans nos coeurs (Jean 14.23). Ce dernier verset, tiré de Jean est intéressant d'un autre point de vue. Il montre bien que l'Esprit de Jésus et l'Esprit de Dieu veulent habiter en l'homme. Ici apparaît une dualité et non une trinité.

6. Résumé

Toute cette abondance de faits nous oblige à prendre nos distances face au dogme de la Trinité. Il ne saurait être question de remplacer cette construction par une autre.
Le dogme trinitaire n’apporte pas d’éléments tellement décisifs et enrichissants qu’il justifie, si l’ont tient compte des nombreux désaccords qu’il engendre avec le texte révélé.
Au contraire. Il se révèle pour beaucoup comme difficile à comprendre. D’un côté il rend plus obscures des vérités bibliques (par ex. le subordinatianisme). D’un autre il n’apporte qu’une clarté apparente, là où la bible garde un silence discret (par ex. sur ce qui concerne le Saint-Esprit dans son essence même).

Il faut simplement s'en tenir à la révélation biblique et laisser parler les faits (les données) et surtout ne pas essayer de les faire cadrer de force avec un système artificiel, une construction humaine.
Il est indispensable qu'une rectification ait lieu, sur les points précis où ce dogme a déformé les données de l'Ecriture et où on a abouti à des conclusions erronées.
Il serait nécessaire de revoir le texte original de l'Ecriture Sainte partout où la "déviation trinitaire" aurait pu laisser son empreinte. L'influence de ce dogme, pendant plus de 15 siècles n'a pas été, c'est l'évidence même, sans laisser de traces. Nous nous devons de les effacer si nous avons pour objectif de faire triompher la vérité et la clarté.
L'abandon du dogme de la Trinité permet une bien meilleure compréhension des textes concernant Jésus dans l'AT comme dans le NT. Il résoud beaucoup plus de problèmes quant à l'interprétation des Ecritures, qu'il n'en crée de nouveaux.
Le rejet de cette notion de Trinité nous rapproche, nous les chrétiens, de nos racines historiques qui se trouvent dans le judaïsme. Dieu est unique. Il n'est pas plus un en trois que trois en un. Le Dieu des chrétiens est et reste le Dieu de l'Ancien Testament, le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob - qui n'est autre que celui que Jésus-Christ désigne comme son Père (Jean 8.54). Il est celui qui est à l'origine de toutes choses et de tout être. Il est aussi d'une manière bien mystérieuse l'origine de Jésus-Christ, son Fils unique qui préexiste à la fondation du monde.
Jésus lui-même a participé à la création du monde. Il est celui par qui et pour qui toutes choses ont été créées (Col 1.16...).

Pour éviter tout malentendu il est nécessaire de réaffirmer ici d'une façon claire et précise que Jésus Christ, le Fils du Dieu vivant, est pour nous la plus haute priorité. Car ce n'est que par lui que nous sommes sauvés. Ce n'est que par lui que nous pouvons parvenir jusqu'à Dieu et demeurer en sa présence.
Il est celui qui conduit et sauve tout homme, ce qui est attesté par d'innombrables passages de l'Ecriture Sainte. Sur ce point (et sur d'autres d'ailleurs) les témoins de Jéhova se trompent, qui situent Jésus à la deuxième place, alors qu'il a été placé à la première place par Dieu lui-même. Jésus est notre seule espérance. Il n'en est aucun autre en qui et par qui nous puissions être sauvés.
C’est pourquoi nous n’avons pas à être les témoins de “Jéhovah” - c’est à dire Dieu - mais selon le Nouveau Testament nous devons être des témoins de Jésus Christ. Il s’agit en effet, d’apporter la Bonne Nouvelle aux hommes, que Jésus Christ est le Sauveur!

A l'Esprit de Dieu de l'Ancien Testament correspond dans le NT l'Esprit saint.
Il est la présence directe de Dieu, qui, tout comme sous l'ancienne alliance peut habiter en l'homme. Sous la nouvelle alliance toutefois, cette présence de Dieu est accessible à tout homme et n'est pas seulement réservée à quelques personnes choisies, comme sous l'ancienne alliance.
En tant que souverain sacrificateur et médiateur, Jésus a rendu possible une relation directe avec Dieu. Par Jésus-Christ tout homme a accès "au lieu très saint" (c'est à dire jusqu'à Dieu ou jusqu'en la présence de Dieu).
Le voile du temple se déchira par le milieu (Luc 23.45) lorsque Jésus mourut sur la croix. La séparation qui existait entre Dieu et les hommes a été abolie. Et c'est ainsi que le Saint Esprit, cette présence de Dieu parmi les hommes, peut être reçu par chacun de ceux qui croient en Jésus-Christ.
En tant que souverain sacrificateur et médiateur Jésus a reçu le pouvoir de nous mettre en relation avec le "Très Saint", de nous baptiser de l'Esprit de Dieu, de nous mettre en présence de Dieu lui-même.

Jésus a été élevé par Dieu. Le Père lui a accordé différents pouvoirs dont il ne disposait pas auparavant: celui de juger les hommes - d'être le Sauveur et conducteur de l'humanité - d'envoyer le Saint Esprit - de baptiser du Saint Esprit.
Le rejet du dogme de la Trinité conduit à une bien meilleure compréhension de toute la portée et signification du sacrifice de Jésus, de l'amour de Dieu, de la vie de Jésus sur cette terre, où il vécut pleinement homme mais dans la dépendance de son Père - c'est à dire soumis à l'Esprit de Dieu . ainsi qu'une meilleure compréhension de sa mort et de sa résurrection.
Le refus de ce dogme ne porte en rien atteinte à la grandeur et à la gloire de notre Seigneur Jésus-Christ. Dieu a fait de lui la lumière des nations - celui qui porte le salut aux extrémités de la terre (Esaie 49.6-8).
Il l'a élevé et lui a remis le règne (Esaïe 52.13 et 53). Jésus est et reste "le Roi des rois" et le "Seigneur des seigneurs" (Apoc. 19.16).

7. Réflexions sur le concile de Nicée et l'histoire des dogmes

7.1 La politique de l’église face à l'Ecriture Sainte

Voilà comment on peut considérer le concile de Nicée.
Les affirmations de Brandt que les théologiens" siégeant au concile, dans leur grande majorité avaient voté la profession de foi de Nicée contre leur plus intime conviction (voir Brandt: l'Eglise au cours des siècles; Wuppertal 1977 page 99) ont de quoi nous laisser songeurs.
Tout ce contexte nous amène à considérer le concile comme le premier pas vers une évolution qui a caractérisé les pratiques ultérieures de l’église catholique: les décisions de l’église - c'est à dire les dogmes proclamés - sont placées au-dessus des déclarations de l'Ecriture Sainte, si elles sont utiles à l’église en tant qu'institution.
Les décisions prises à cette époque étaient de nature politique interne à l’église et destinées à renforcer son pouvoir et son unité vers l'extérieur. Elles devaient être suivies de beaucoup d'autres par la suite. Au cours des siècles la dogmatique de l’église s'égara de plus en plus, prit des chemins de plus en plus détournés pour aboutir à des décisions effarantes (voir la proclamation des indulgences) à tel point que la Réforme devint indispensable pour s'opposer à ces déviations.

Martin Luther a accompli un travail immense en réexaminant les dogmes de l’église à la lumière de l'Ecriture Sainte (sola scriptura). Personne d'autre que lui n'a accompli une oeuvre comparable dans ce domaine. Mais Luther lui-même, et cela est tout à fait compréhensible vu le contexte de l'époque, n'a pu se soustraire totalement à l'influence de cet héritage théologique séculaire. Ses prises de position vis à vis des Juifs et du baptême des enfants nous le montrent. Il n'a pas revu le dogme de la Trinité et pourtant selon le principe "Sola Scriptura" (ne tenir compte que de l'Ecriture et d'elle seule) cette doctrine - aussi "intouchable" puisse-t-elle nous apparaître - a besoin d'être réexaminée de près. Ce point de doctrine d'ailleurs est toujours revenu en discussion au cours de l'histoire de l’église.

7.2 Le tabou de la Trinité empêche une révision

Une question légitime se pose à nous: Comment ce dogme de la Trinité a-t-il pu se maintenir jusqu'à nos jours alors qu'un examen un tant soit peu approfondi révèle d'une façon aussi évidente qu'il est en contradiction avec la Parole de Dieu? Nous allons essayer de montrer pourquoi.

1) Les fidèles se sont vus longtemps interdire la lecture de l'Ecriture Sainte. On empêcha donc le "bas peuple" de vérifier les doctrines que le clergé ou le pape énonçaient comme venant de Dieu.
2) Les dogmes (même ceux qui sont faux) étaient considérés (ils le sont toujours) par l’église catholique - qui place souvent la tradition au-dessus de la Révélation - comme inattaquables.
3) Anasthase, le grand défenseur du Symbole de Nicée et le champion de la répression contre les Ariens avait fait dépendre l'efficacité de l'oeuvre rédemptrice de Christ de son identité de nature avec Dieu (identité au sens suivant: formant une seule entité, un seul et même Etre avec son Père et le Saint Esprit, et donc allant bien au-delà de la ressemblance).
La vérité fondamentale de la profession de foi chrétienne, à savoir, le salut de l'homme en Jésus-Christ, était donc remise en question dès qu'on contestait que Jésus soit "pleinement" Dieu tandis que son Père est "pleinement" Dieu.
Le christianisme dans son essence, dans sa nature profonde et sa raison d'être était présumé dépendre de cette identité de nature absolue de Jésus avec son Père. En d'autres termes: Un Jésus qui n'est pas Dieu ne peut sauver les hommes.
La conséquence en fut la suivante: le dogme de la Trinité ne pouvait être remis en cause et devint un sujet "tabou".
Les Protestants eux-mêmes reprirent cette façon de voir.
Pourquoi Dieu n'aurait-il pu concevoir le salut de l'humanité au travers du sacrifice d'un Fils qui lui soit soumis, qui soit un reflet de lui-même sans pour autant lui être totalement identique dans sa nature?

Le salut de l'homme n'est pas inéluctablement lié à l'identité de la nature de Christ avec son Père. On ne trouve rien dans l'AT comme dans le NT qui puisse justifier cela. Il nous faut donc rejeter ce qui n'est rien d'autre qu'un point de vue humain.
Nous ne devons pas perdre de vue que c'est le Père lui-même qui accepte le sacrifice de son Fils comme seul moyen d'expiation des péchés et comme seul moyen de salut. Le Fils est le médiateur (le souverain sacrificateur éternel) et le chemin qui mène au Père.
C'est donc le Père qui est la plus haute instance, qui prend toute décision - entre autres celle concernant le moyen de salut. En d'autres termes, Dieu n'a de comptes à rendre à personne sur le moyen, la façon dont l'homme puisse être sauvé.

7.3 Conséquences du dogme de la Trinité: Marie devient médiatrice 
     et obtient le titre de "mère de Dieu"

La tradition et les conceptions de l’église - avant le moyen-âge déjà - s'écartent notablement de l'enseignement de Jésus. De nombreux “Saints” font leur apparition avec Marie, la mère de Jésus, et se mettent à jouer le rôle d'intermédiaires entre Dieu et les hommes.
Cette déviation, dans la croyance des "humbles fidèles" de l'église en ces nouveaux médiateurs entre Dieu et les hommes, ne s'expliquerait-elle pas du fait que celle-ci, dans sa doctrine, avait placé le Christ beaucoup trop près de Dieu le Père, le situant même à un rang identique?
Ce "Christ-Dieu" ne peut plus remplir son rôle de médiateur, car ces mêmes fidèles reportent sur lui les attributs de Dieu tels que son absolue sainteté, son inaccessibilité, son intangibilité ainsi que l'ardeur de sa colère (face au péché). Et c'est ainsi qu'il leur faut d'autres médiateurs tels que les Saints et également Marie plus proches des hommes, car plus "humains".
Si comme la Bible l'atteste Jésus n'est pas Dieu mais Fils de Dieu et aussi Fils de l'homme (il n'a pas toujours eu ce dernier titre) il est donc le meilleur médiateur qui puisse être.
Il se place maintenant réellement entre Dieu et les hommes, car il n'est pas aussi "élevé" (de par son origine et non quant à son rang par rapport à nous) que Dieu, mais bien au-
dessus des hommes et de tous les êtres qui existent. En plus il a été lui-même homme ce qui fait qu'il connaît parfaitement la situation et la vie des hommes. Dans cette perspective Marie et tous les nombreux Saints n'ont pas de rôle d'intercesseur ou de médiateur à jouer.
Après notre nouvelle naissance spirituelle par laquelle nous devenons enfants de Dieu (Hébr. 2.11; Rom. 8.29), Jésus devient notre Frère qui aussi longtemps que nous vivrons comme hommes, est plus proche de nous que le Père, et qui intercède pour nous devant lui.
Sans doute n'existait-il pour Dieu (le Père) que cette seule possibilité de s'approcher réellement de l'homme, par le moyen de Jésus-Christ (1 Tim 6.16; Jean 1.18).

Ce qui nous montre très nettement jusqu'où cette doctrine de la Trinité peut nous mener, est le titre de "mère de Dieu" que l'église catholique a attribué à Marie, la mère de Jésus.
Dans la perspective du dogme de la Trinité cela n'est guère surprenant ni dénué d'une certaine logique. Cette désignation "mère de Dieu" a pu voir le jour et se développer sur le terrain de cette doctrine erronée.
D'un point de vue biblique cela ne se justifie pas, car Marie n'a pas enfanté Dieu mais le Fils de Dieu.

Conclusion:

Laissons Dieu être Dieu, laissons le Christ être Fils de Dieu, laissons le Saint Esprit être ce qu'il est, c'est à dire l'Esprit du Dieu vivant.
Tout système doctrinal, toute construction échafaudée allant au-delà de ces réalités, ne peut qu'induire en erreur.
Le dogme de la Trinité met en avant des affirmations erronées:
1) Il met beaucoup trop l'accent sur l'indépendance du Saint Esprit, qui n'est autre que Dieu lui-même.
2) Il met trop l'accent sur l'égalité entre Jésus et Dieu, pourtant Jésus n'est pas Dieu mais Fils de Dieu.

© A. Farina

...
8. Annexe: La Profession de foi qu’Arius adressa à l’empereur Constantin en 327:

Nous croyons en un Dieu, le Père tout puissant, et au Seigneur Jésus Christ, son fils,
qui a été engendré par lui avant tous les temps, le Dieu-Logos,
par qui a été créé tout ce qui est dans les cieux et sur la terre,
qui est descendu du ciel et est devenu chair,
qui a souffert et est ressuscité, qui est monté au ciel
et qui reviendra pour juger les vivants et les morts, et nous croyons au Saint Esprit,
à la résurrection de toute chair, à la vie dans un monde futur,
au royaume des cieux, et à l’église catholique de Dieu,
qui s’est répandue d’un bout à l’autre du monde.

Nous avons reçu cette foi des saints évangiles, là où le Seigneur dit à ses disciples: “Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit”.
Si nous ne croyons pas cela et si nous n’acceptons pas le Père et le Fils et le Saint-Esprit comme l’enseigne l’église catholique toute entière et les Ecritures auxquelles nous croyons sans restriction, que Dieu soit alors notre juge maintenant et lors du jugement à venir.

Littérature
Andersen, Carl: Histoire du Christianisme I, Stuttgart 1975
Brandt, Theodor: l'Eglise au cours des siècles; Wuppertal 1977
Burkhardt, H et autres (Editeurs): Das große Bibellexikon, Volume 6, éditions Brockhaus et Brunnen
Coenen, Lothar (Editeur): Theologisches Bergriffslexikon zum Neuen Testament, éditions Brockhaus
Lewis, C.S.: Pardon ich bin Christ, Gießen 1981
Rahner, Karl: Theos dans le NT, in: Schriften. Bd. 1. 91-167.
La Sainte Bible par Louis Second, nouvelle édition revue
Sternberger, Günter (Editeur): 2000 Jahre Christentum
The Companion Bible, The Lamp press Ltd., 6 old town London
Walter, Kasper: Le Dieu de Jésus Christ, Mainz 1982

 

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